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Billet de blog 8 décembre 2023

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Des enfants crient, des enfants pleurent, des enfants meurent

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Le baiser - 1888 © Auguste Rodin

Comme l’a écrit Charles Péguy, « Le triomphe des démagogies est passager, mais les ruines sont éternelles. » Des enfants crient, des enfants pleurent, des enfants meurent. Depuis la nuit des temps, ce sont les mêmes. Des enfants crient, des enfants pleurent, des enfants meurent. Toujours les mêmes enfants qui crient, pleurent et meurent. Victimes de la folie de leurs aînés. Prisonniers de jeux de cartes battus et rabattus par des mains innocentes, des esprits pieux, des cerveaux bienveillants, ils sont les munitions de l’avènement d’un nouveau monde.

Poussins blessés, meurtris, mort-nés, oisillons d’aujourd’hui, barbares et charognards de demain.

Illustration 2
Apollon et Daphné - 1622-1625 © Giovanni Lorenzo Bernini (Le Bernin)

Dans notre monde, il n’y a plus de termitières futures ni même de ruches miraculeuses, juste la douce mélodie de la financiarisation de la planète. Des champs d’ogives et des tempêtes de drones s’abattent sur nos villages et nos cœurs. La cancel culture coupe les dernières têtes des traditions et des coutumes qui osent la résistance. Folie des vents de sable, pandémies enragées, médias de masse paralysés, punaises de lit anxiogènes, pluies schizophréniques, arsenaux de mauvaises nouvelles, la peur domine et dirige un Occident fissuré, déboussolé, fracturé, brisé. Peur, camisole de force toute-puissante des masses populaires. La haine de l’autre et les dictatures de l’idée s’affichent à travers la puissance des conditionnements qui nous empêchent de réfléchir avec discernement. Les indignés du divan, les rebelles de la junk food, les éco-anxieux dépressifs et les acheteurs compulsifs en ligne assiègent la blogosphère. La raison est le parent pauvre de ce jeu de dupes. La tolérance est la catin du vivre-ensemble. Le lien affectif est la peau de chagrin d’une société marchande.

Illustration 3
La Frileuse - 1871 © Jean-Baptiste Carpeaux

Alors, pour cimenter l’histoire, quoi de mieux que de réécrire le présent. Le relativisme est devenu fondement sacré de la déconstruction du réel en même temps que de la construction de l’intolérance. Faire table rase de l’universel, réinventer le vivant, combattre les fantômes du passé pour éviter de regarder dans les yeux les monstres d’aujourd’hui. Les œillères idéologiques sont légion. Face aux lance-roquettes du ressentiment, la contradiction, l’argument et l’esprit critique se meurent sous le poids de l’inclusivité. Inclure, oui, inclure, encore et encore, toujours plus, tout et rien, mais inclure, dans la globalisation publicitaire du culte du soi, tout doit être identique, pareil, aseptisé, inerte, conforme. Dorénavant, chacun s’enferme derrière ses croyances, ses vérités, ses certitudes. Chaque contradiction est blessure, attaque et agression personnelle. Chaud devant ! Faites chauffer les bûchers ! L’archaïsme primitif intellectuel est de retour. Relativisme, quand tu nous tiens… et comme le dit Claude Lévi-Strauss : « Si toutes les cultures se valent, alors le cannibalisme est juste une question de goût. » Certes, alors tout est question de…

Illustration 4
Déesse Victoria - 1841 © Christian Daniel Rauch

Comme l’a écrit Charles Péguy, « Le triomphe des démagogies est passager, mais les ruines sont éternelles. » Des enfants crient, des enfants pleurent, des enfants meurent. Depuis la nuit des temps, ce sont les mêmes. Des enfants crient, des enfants pleurent, des enfants meurent. Toujours les mêmes enfants qui crient, pleurent et meurent. Victimes de la folie de leurs aînés. Prisonniers de jeux de cartes battus et rabattus par des mains innocentes, des esprits pieux, des cerveaux bienveillants, ils sont les munitions de l’avènement d’un nouveau monde. 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.