C’est avec le cœur las et le visage grave qu’un inexorable sentiment d’écœurement puis de détresse s’est emparé de nous, alors que nous prenions conscience du sens de cette lourde nouvelle : une fois de plus le sauvetage de notre monde en péril imminent ne se fera pas, sombrants avec lui nos rêves, voués à ne demeurer plus que des rêves.
A ce dégoût et cette douleur s’ajoute une colère. La colère de se voir servir une énième fois le choix dramatique entre le néo-libéralisme et la fascisation, avec comme un goût amer et quasi-burlesque que celui du sempiternel recommencement matérialiste.
C’est pourquoi l’annonce de dimanche soir s’est abattue sur nous comme une sentence inéluctable : peu importe le verdict inévitablement fatale de notre jugement nous nous savons d’avance condamné.e.s. Condamné.e.s à cinq années d’inaction climatique alors que cette procrastination n’est pas un luxe qui nous est permis, à cinq années de régression sociale et humaine, cinq années dans un système qui ne se maintient que par la peur et la violence.
Comment devrions nous ne pas avoir envie de tout renverser ? Nous la jeunesse qui av(i)ons des rêves, les individus qui luttent, la France qui aime et se bat, comment avoir la force de supporter à nouveau cinq années de répression, d’opprobre et de violences policières, tandis que l’odeur âcre du gaz lacrymogène semble déjà nous parvenir et le bruit des matraques résonner avec effroi dans nos rues tachées de sang.
Alors il est si facile pour ceux qui ne bougent pas et ne ressentent pas leur chaines de venir nous faire des leçons de démocratie, alors que les voix qu’ils ont données aux candidat.e.s de la haine n’auront jamais aucune répercussions sur leurs vies de bourgeois.e.s égoïstes.
De même pour celles et ceux qui n’ont pas voulu se salir les mains, ou encore nos aîné.e.s déjà retraité.e.s, les mêmes qui ont détruit notre planète et semblent bien se ficher de nous en léguer une un minimum vivable.
A ces mêmes personnes qui s’étonnent de nous trouver si dramatiques sur ces sujets nous leur répondons qu’à notre plus grand désarroi tout est politique, et que bien que nous sommes de ceux qui la haïssons le plus, cette politique, c’est elle qui décide de tout sur nos vies, du montant inscrit sur nos fiches de paies à l’air toxique et pollué que nous respirons.
Alors que nous reste-t-il ? Écrire déjà, continuer à lutter ensuite.
Car l’espoir est toujours présent et que l’on nous a toujours appris à ne jamais rien lâcher, peu importe la force des tempêtes et des coups dont on nous roue.
Quoi qu’il en coûte nous continuerons à lever le poing que nous avons déjà levé : nous persisterons à croire en des lendemains qui chantent et à faire le rêve qu’un autre monde est possible.
Le vent se lève.
Alors tentons de vivre.
Nicolas FENDER