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Billet de blog 26 juillet 2023

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Première partie : Qu’est ce que le néolibéralisme ?

Première partie consacrée à une définition du néolibéralisme.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le néolibéralisme est né en réaction aux politiques interventionnistes du New Deal et des théories keynésiennes qui avaient le vent en poupe. En effet, le colloque de Walter Lippmann en 1938 et la Société du Mont Pèlerin vont réunir principalement des économistes mais également des philosophes : Milton Friedman, Friedrich Hayek, Ludwig Von Mises, Karl Popper, Walter Eucken, Wilhelm Röpke..., qui souhaitent promouvoir un « nouveau libéralisme », d’où le nom néolibéralisme. Ce néolibéralisme serait une idéologie à la fois politique et économique qui s’oppose au fascisme, au communisme ou à l’Etat Providence.

Sur le plan politique, les néolibéraux voient la planification étatique ou le dirigisme économique comme une porte ouverte au totalitarisme. Pour eux, l’Etat Providence va forcément finir en Etat totalitaire. L’Etat doit ainsi céder sa place aux marchés qui doivent étendre leur emprise à l’ensemble de la vie. Les néolibéraux prônent un individualisme méthodologique affirmant que les individus sont les seuls organes moteurs des entités collectives. Cette logique individualiste est même poussée à l’extrême avec l’égoïsme en tant qu’éthique par la romancière Ayn Rand. Sur le plan social, Friedrich Hayek prône une forme de darwinisme social qu’il nomme ordre spontané, produit de l’expérience commune et des relations sociales. Les néolibéraux sont également très attachés à la responsabilité individuelle, ils estiment que l’Etat Providence déresponsabilise les individus notamment les plus pauvres. Selon eux, il n’existe pas de déterminismes sociaux et nous sommes responsables des choix que nous effectuons.

Illustration 1

On distingue principalement trois courants :

- L’école de Chicago représentée par Milton Friedman, l’école de pensée est également appelée monétarisme.

- L’école autrichienne de Ludwig Von Mises et Friedrich Hayek qui inspirera par la suite le libertarianisme de Murray Rothbard.

- L’ordolibéralisme de Walter Eucken et Wilhelm Röpke dont l’application est l’économie sociale de marché.

Il ne s’agit pas ici de rentrer dans le détail de ces courants de pensée, ce serait bien trop fastidieux et inutile pour le commun des mortels. Pour faire simple, les États Unis et le Royaume-Uni sous Reagan et Thatcher ont appliqué les recettes monétaristes tandis que l’Union Européenne actuelle serait insérée dans l’économie sociale de marché. Cependant, tous partagent les mêmes constats sur l’Etat Providence, le dirigisme économique, la planification et le protectionnisme. Beaucoup de gens pensent que le néolibéralisme se limite à un libre échange absolu, ce qui est faux.

Illustration 2
Milton Friedman, le célèbre économiste de l'école de Chicago

De manière générale, le consensus de Washington distingue les dix règles d’or du néolibéralisme :

- L’Etat doit être à l’équilibre budgétaire, les déficits sont à proscrire sauf en cas d’événements majeurs exceptionnels car ils favoriseraient l’inflation sur le long terme.

- Il faut limiter les dépenses publiques à des actions visant à favoriser la croissance ou à soutenir les plus pauvres. De manière générale, on doit favoriser la stagnation voire la baisse des dépenses publiques.

- Les impôts doivent avoir une assiette large et des taux marginaux faibles de manière à ne pas pénaliser l'innovation et l'efficacité.

- Les taux d’intérêts doivent être fixés par le marché.

- On doit favoriser les taux de change flottants où la valeur des différentes monnaies varie sur un marché spécialisé au détriment des taux de change fixe.

- On fait la promotion du libre échange et du commerce international pour favoriser la compétition et la croissance. On supprime les quotas d’importation et d’exportation et on abaisse les droits de douane, voire on crée des zones de libre échange.

- La libre circulation des capitaux est établie pour favoriser l'investissement.

- Les entreprises publiques sont privatisées, les monopoles publics démantelés pour améliorer l'efficacité du marché et les possibilités de choix offertes aux agents économiques.

- La déréglementation est encouragée, toutes les règles qui entravent la concurrence et empêchent les nouveaux compétiteurs d'entrer sur un marché doivent être éliminées.

- La propriété doit être légalement sécurisée.

- Et dernier point le plus important, l’économie doit être financiarisée. Il faut avoir une confiance inéluctable dans les marchés financiers et l’intervention de l’Etat doit permettre de favoriser la concurrence entre les acteurs économiques.

De manière générale, les néolibéraux sont favorables à une politique de l’offre : baisse des impôts sur les entreprises et des cotisations sociales ; flexibilité du marché du travail par la diminution des allocations chômage et la libre fixation des salaires et des conditions de travail. La politique monétaire doit être confiée à une Banque Centrale devenue indépendante, dévouée à la stabilité monétaire et à une faible inflation.

Une différenciation majeure s’opère entre le libéralisme classique et le néolibéralisme. Le fondement de la pensée libérale repose sur l’Etat de droit et en particulier sur le droit naturel. Chacun être humain possède des droits fondamentaux et inaliénables, inhérents à la nature humaine, indépendamment des structures sociales : liberté d'expression, liberté de circulation, droit à la propriété privée, liberté de réunion, liberté professionnelle… Pour les néolibéraux, le droit et les procédures juridiques peuvent devenir des obstacles à l’extension des marchés qui imposent de fait un cadre normatif.

Si le libéralisme classique insiste sur l’individu comme sujet de droit, le néolibéralisme réduit ainsi l’individu à un simple agent économique rationnel qui maximise une fonction d'utilité ou de profits lors des échanges.

Les libéraux classiques sont favorables à la libre concurrence et au “laissez-faire” tandis que les néolibéraux souhaitent l’extension du marché à tous les secteurs d’activité. Les libéraux classiques sont hostiles aux interventions de l’Etat dans l’économie, ils croient en une main invisible autorégulatrice permettant donc d'atteindre une situation d'équilibre entre le prix de marché et le prix naturel. A contrario, les néolibéraux ont conscience que la libre concurrence n’est pas possible sans intervention étatique, il faut ainsi que les Etats se mettent au service des marchés financiers.

Et la différence majeure entre libéralisme classique et le néolibéralisme, c’est que le néolibéralisme est une idéologie homogène à la fois politique et économique alors que le libéralisme se définit avant tout comme une doctrine juridique.

En résumé, le néolibéralisme est un absolutisme de marché puisque tous les pouvoirs sont désormais concentrés dans les mains des institutions financières avec pour seule logique d’étendre et d’imposer la logique des marchés à toutes les relations sociales.

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