A l’heure où les GAFAM nous tondent sans payer leur part d’impôts et où les USA se transforment en ploutocratie théocratique, il est pour le moins surprenant qu’aucune initiative institutionnelle ne soit prise pour assurer l’indépendance numérique de la France. Pourtant une solution crédible et efficace existe depuis fort longtemps : Linux.
Linux, ou plutôt GNU/Linux, est un système d’exploitation gratuit et open source existant depuis 1991. S’il nécessitait au début une certaine aisance avec l’informatique et quelques connaissances en programmation, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les distributions Linux les plus utilisées, comme Debian, Ubuntu ou Red Hat s’installent très facilement et s’utilisent aussi simplement que Windows (l’OS de Microsoft) ou MacOs (celui d’Apple). La liste des logiciels libres utilisables avec Linux est impressionnante, y compris sa restriction aux logiciels éducatifs.
Dans le système éducatif, les premiers utilisateurs historiques sont les enseignants-chercheurs des universités et grandes écoles. Mais son usage n’a jamais décollé dans le primaire et le secondaire, où ne se trouvent que quelques expérimentations (réussies comme souvent) isolées mais pas relayées par l’institution. Les collectivités qui gèrent les réseaux informatiques des collèges et lycées ont déjà largement fait le choix d’utiliser des serveurs sous Linux, bien plus performants et sécurisés que leurs concurrents états-uniens.
Une administration a migré la quasi-totalité de son parc informatique sous Linux : la gendarmerie, depuis 2009. Cette migration a permis de prolonger la durée de vie des postes informatiques en y installant des versions légères de Linux, un des objectifs de ces distributions adaptables à du matériel trop ancien pour supporter un OS commercial (un poste prévu pour un Windows ou un MasOs peut presque toujours migrer sous Linux). Elle a également permis aux gendarmes d’économiser environ 9 millions d’euros par an sur les licences commerciales.
Mais le principal intérêt d’un passage à Linux est ailleurs. Il permet de relocaliser le développement informatique car il nécessite l’emploi de techniciens et d’ingénieurs locaux. Il change le modèle économique de l’informatique car le code utilisé et produit est libre : d’autres administrations, d’autres pays, d’autres entreprises et communautés ont produit les sources et peuvent réutiliser les productions générées. Le développement de Linux se base donc sur la coopération et l’humain, pas sur le profit et la concurrence. Il permet également une indépendance et une sécurité fiables vis-à-vis de notre ex-allié états-unien, qui ne peut plus mettre son nez impunément dans les données de nos ordinateurs.
La migration à court terme vers Linux des ordinateurs du système éducatif présente plusieurs avantages. Des élèves formés à Linux trouveront naturel de continuer à travailler avec dans leur vie personnelle comme professionnelle. Les filières de formation à l’informatique deviendront les fers de lance de cette (r)évolution. La France pourra alors devenir un leader dans le développement de cette économie créatrice d’emplois et contribuer à une informatique plus durable. Elle éloignera d’autant le spectre de la marchandisation des savoirs, se posant comme modèle à suivre pour l’économie européenne.
Mettons nos Windows et nos MacOs à la poubelle, passons à Linux !

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