ont été convoqués cette semaine par la police judiciaire pour être entendus comme témoins. Ils n'ont été ni placés en garde à vue, ni mis en examen. Une procédure somme toute habituelle, à laquelle sont soumis, chaque jour, des dizaines de citoyens. Faut-il, dans ces conditions, s'en alarmer ? Oui et pour plusieurs raisons. D'abord l'affaire ne va peut-être pas en rester là. La mise en examen peut survenir plus tard. La balle est dans le camp du parquet qui doit décider si la procédure s'arrête là ou non. Et surtout, parce que, au-delà de cette affaire, les journalistes français sont de plus en plus nombreux à devoir se rendre dans le bureau d'un juge ou d'un officier de police judiciaire.
Vladimir Poutine et de Dmitri Medvedev, ou à la Chine de Hu Jintao. Chaque jour, nous recevons des informations sur des assassinats de journalistes ou des condamnations à de lourdes peines de prison, et nous devons maintenir une hiérarchie dans la gravité des violations de la liberté de la presse. Mais tout de même, cela commence à faire beaucoup. La France, qui perd peu à peu son titre de «patrie des droits de l'homme», détient le record européen du nombre de perquisitions menées dans des rédactions et de placements en garde à vue de journalistes. Dans notre dernier classement mondial de la liberté de la presse, la France occupait le 35e rang. Et il y a fort à parier qu'elle perdra encore quelques places la prochaine fois.
Guillaume Dasquié, en décembre 2007, a été privé de sa liberté pendant 48 heures parce qu'il refusait de dire qui lui avait transmis une copie d'un rapport classé «secret». Plus récemment encore, Vittorio De Filippis a été interpellé à son domicile et a fait l'objet de fouilles au corps, pour une simple plainte en «diffamation ». La rédaction d'Auto Plus, a été perquisitionnée pendant l'été 2008, et un de ses journalistes a été placé en garde à vue parce qu'il avait publié une information qualifiée de «secret industriel». Le Canard enchaîné, Le Point, L'Equipe, France 3, La République du Centre-Ouest, les perquisitions se sont multipliées au cours des dernières années.
Reporters sans frontières