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"Rassembler la gauche d'abord, et le MoDem si possible"
LEMONDE.FR | 24.08.09 | 15h53 • Mis à jour le 27.08.09 | 16h04
L'intégralité du débat avec François Rebsamen, sénateur et maire (PS) de Dijon , jeudi 27 août, à 14 h 30.
Jacques : Peut-on parler d'acceptation forcée par Mme Aubry de l'organisation de primaires ?
François Rebsamen : Je sais, parce qu'elle s'en est un peu ouverte à moi, qu'elle n'était pas opposée au principe des primaires.
Maintenant, elle a été obligée de suivre le mouvement, et donc vu qu'une majorité des dirigeants du PS se sont prononcés pour, elle peut sans trop de problèmes pour elle dire oui.
lesaffre: Le PS va-t-il adopter une position claire et précise sur les primaires, leur organisation... au terme de l'université d'été de la Rochelle ?
Non, je ne le crois pas.
Le principe va être acté. Maintenant il restera à en définir les modalités, dans une décision collective, à mon avis après les régionales, et avant le mois de juin 2010.
Leila_Agic: Quel pourrait être le calendrier pour organiser ces primaires ouvertes ?
Il faut s'accorder là encore sur un calendrier.
Pour ma part, je pense que c'est au plus tard, aux environs de juin 2011, que les primaires devraient être mises en oeuvre.
Certains pensent plus tard, pour des raisons tactiques, d'autres plus tôt. La fin du 1er semestre 2011 me semble la bonne date.
Narnokatt: Pensez-vous qu'il faille limiter le nombre de candidats à la primaire ? Quels critères de sélection proposerez-vous ? Permettre à un maximum de candidats de se présenter n'augmentera-t-il pas la légitimité du candidat final ?
Je ne le crois pas. On ne peut pas écarter les militants socialistes d'une participation au processus de désignation des candidats qui pourront participer aux primaires.
Car je ne conçois pas les primaires comme une centrifugeuse pour éliminer un à un les candidats, mais comme un outil politique de démocratisation et de mobilisation de la société.
corto: La première secrétaire du Parti socialiste vient d'accepter l'idée "d'organiser des primaires" pour désigner le candidat de la gauche pour les prochaines elections présidentielles. Concrètement, quels sont les partis concernés par cette désignation
En premier lieu, bien sûr, le Parti socialiste, et peut-être in fine seul le Parti socialiste.
Mais là ne doit pas être notre but, car il est important que le plus possible nous tendions vers un candidat unique de la gauche de gouvernement au premier tour de l'élection présidentielle.
Donc le PS, oui, les radicaux, oui, les écologistes s'ils le souhaitent, oui, les chevénementistes, oui, les communistes unitaires, oui, le MoDem, cela m'étonnerait. Telle est ma position.
Socialiste_Primaire_et_Ouvert_1: Garantiriez-vous, si le système de primaires ouvertes entrait réellement dans les faits, que le PS soutiendrait au premier tour de la présidentielle un non socialiste si celui-ci ou celle-ci venait à être désigné(e) (Bayrou, Cohn-Bendit, Taubira ?...)
S'il y avait des doutes sur cela, il ne pourrait pas y avoir de primaires. Donc la réponse est oui.
Ric34: Peut-on sérieusement envisager d'organiser des primaires à gauche sans avoir au préalable constitué un socle programatique commun à même de rassembler socialistes, verts, radicaux et partisans du MoDem ?
La remarque est juste. C'est pour cela que je dis que les primaires sont un projet politique qui doit servir non seulement à désigner, je l'espère, un candidat unique de gauche au premier tour de l'élection, mais aussi le socle partagé d'un futur contrat de législature.
Les deux vont de pair.
JoeChip : Des primaires "ouvertes", est-ce que cela veut dire que les militants UMP pourraient influencer le résultat ?
Cet argument est souvent avancé pour faire capoter l'idée de primaires.
Tout citoyen qui participerait aux primaires s'engagera par écrit à soutenir le candidat qui aura été désigné.
Et sera de fait sympathisant du candidat. Cela devrait éliminer un certain nombre d'UMP.
alain: N'est-il pas trop tôt de parler de primaires à la veille d'élections régionales ?
Non, parce que cela remet une perspective politique, remet la gauche et le PS dans le mouvement, et conforte l'image démocratique de ces formations.
Ce n'est donc pas contradictoire, loin s'en faut, avec les élections régionales.
thibaut: Comment le PS peut il parler de primaires élargies pour 2012 alors que sa propre unité n'est pas encore rétablie ?
C'est un moyen de recréer l'unité nécessaire des socialistes, parce que tout commence par là, on l'a bien vu à l'occasion de l'élection présidentielle de 2007, sur la base d'une désignation par un corps électoral incontestable car élargi.
Denis: Les primaires peuvent-elles conduire à l'éclatement du PS et à la recomposition du paysage politique à gauche ?
Je ne le crois pas. Au contraire.
Mais il est vrai que la Constitution de 1958 et l'élection du président au suffrage universel ont un effet mortifère sur les partis politiques si ceux-ci n'arrivent pas à trouver une réponse appropriée à notre Constitution.
Pierre_Dijon: Ces primaires de gauche ne peuvent avoir de sens qu'en cas de programme commun de gauche. N'avez-vous pas peur qu'en cas de primaires tardives (2011) ce programme soit baclé et/ou inexistant ?
Au contraire. Il faut s'y atteler concomitamment, avec l'élaboration des conditions de réalisation des primaires.
Cela suppose dès cette année de mettre en place des lieux de débat, d'échange, de convergence, avec tous ceux - la gauche d'abord - qui souhaitent une autre politique pour après 2012.
Leila Agic: Pensez-vous que des primaires ouvertes profiteraient à Ségolène Royal ?
Bien malin qui peut répondre à cette question aujourd'hui.
Les sympathisants de gauche qui participeront aux primaires, je leur fais confiance pour choisir celle ou celui qui sera la ou le plus apte à porter un projet progressiste, écologiste et démocratique et à gagner l'élection. Ségolène ? Dominique ? Ou d'autres ?
Babakash: Si les primaires ne se font pas, le PS ne disparaît-il pas?
La question posée est pertinente. Les partis politiques ne sont pas immortels.
Ils évoluent, ils changent de nature, ils changent de nom, ou pas.
Mais ils doivent être, surtout à gauche, porteurs d'idées, de progrès social, de justice sociale, et bien sûr, capables de répondre au défi écologique.
Si le PS n'en est pas capable, il peut mourir lentement de ses propres divisions. Mais cela prend du temps.
Ric34: Les dernières déclarations de Marielle de Sarnez semblent montrer que le MoDem est mûr pour une éventuelle alliance avec la gauche pour 2012, n'est-ce pas finalement au sein du PS que cela bloque le plus ?
Oui, cela bloque dans le PS parce que nombreux sont ceux qui ont peur d'une '"dérive centriste" du Parti socialiste.
Mais la réalité doit s'imposer : il faut concevoir un nouveau projet écologiste, socialiste et démocratique, et rassembler sur cette base tous ceux qui s'opposent à la politique de Nicolas Sarkozy. La gauche d'abord, et le MoDem si possible.
parisien_modem: Quelles sont pour vous les vraies difficultés d'un projet d'alliance PS/MoDem : problème de personnes ? de convergence de programmes ?
Il y a toujours des problèmes de personnes. Certains ont peur que François Bayrou arrive en tête du premier tour de l'élection présidentielle.
A mon avis, les primaires et un candidat unique de la gauche répondent à cette inquiétude.
La multiplicité des candidatures de gauche comme en 2002, peut conduire en effet la gauche et les socialistes à être absents du deuxième tour. Il est donc urgent d'agir.
Socialiste_Primaire_et_Ouvert_3: Confirmez-vous la rumeur rapportée ce matin par le blog de M. Ginisty (ioDem) selon laquelle le PS et le MoDem aurait conclu un accord de principe pour le premier tour des régionales en Ile-de-France, Mme de Sarnez étant seconde de la liste de M. Huchon ?
Je n'ai aucun élément qui me permette d'infirmer ou de confirmer un tel accord.
ruedesfleurs: A Dijon, le Modem vous soutient ... mais au Conseil général de Côte d'Or il soutient la majorité de droite... Est ce un partenaire fiable ?
Le MoDem est un partenaire fiable quand on a élaboré avec lui un programme partagé de mandature.
L'élection cantonale, aujourd'hui, est la somme d'élections individuelles.
Et le MoDem, contrairement à ce que vous dites, ne soutient pas en Côte-d'Or le président du conseil général. Je vous l'affirme.
Pierre_Dijon: Etes-vous favorable à un accord global avec le MoDem pour les prochaines régionales ?
La réponse est oui. Je souhaite que l'on rassemble la gauche sur la base d'un programme régional social, écologique et démocratique, la gauche et le MoDem.
bruno: Primaires, alliances avec les Verts, rapprochement avec le MoDem... sont autant de thèmes développés sous la motion E de l'Espoir à Gauche. Thèmes que Ségolène Royal avait mis au centre des débats du congrès de Reims. Comment expliquer son absence de prise de position aujourd'hui sur ces (ses) thèmes ?
Ségolène Royal a, avec la motion "Espoir à gauche", porté ces thèmes depuis longtemps.
Aujourd'hui, elle ne souhaite pas être mêlée au débat interne du Parti socialiste. Tel est son choix, je le respecte.
marie-T: Mme Aubry a évoqué le non cumul des mandats comme l'une des conditions du changement du PS. Est-ce jouable, d'autres s'y étant cassés les dents avant ?
Il faudrait parvenir à un mandat unique de parlementaire, et corollairement, faire adopter un statut de l'élu local.
C'est un des éléments de rénovation de la vie publique française. Et il doit s'imposer à tous, à la droite et à la gauche.
Et pour changer la loi, il faut gagner les élections. Peut-être peut-on le rappeler à Olivier Besancenot.
Etienne: A titre individuel, qu'êtes vous prêt à faire sur ce sujet du cumul des mandats ?
Je suis prêt à me battre pour l'adoption d'une telle loi.
Force est de constater qu'aujourd'hui, en tant que maire de Dijon, si ma ville n'est pas représentée au Parlement, je n'en assure pas le développement dans les meilleures conditions.
Il faut donc une loi pour tous.
Permettez-moi d'ajouter qu'elle recule depuis Lionel Jospin, puisque aujourd'hui on peut être tout à la fois ministre, président de conseil général, et si je pense à M. Estrosi, maire d'une très grande ville de France.
Denis: Doit-on limiter le "cumul des fonctions" au PS, qui donne le sentiment d'une appropriation du Parti par "les mêmes" militants/professionnels de la politique ?
Ce que vous dites est souvent juste.
Du temps de François Mitterrand, avant 1981, quand on était secrétaire national du Parti socialiste, on ne pouvait pas avoir plus d'un mandat électoral.
Cela valorisait la fonction de secrétaire national. Il serait temps d'y repenser.
Babakash: Avec les thèmes d'aujourd'hui, abordés par Ségolene Royal avec la motion E, peut-on dire que le PS s'est trompé en mettant Martine Aubry à sa tête ?
Disons que ce qui est curieux, c'est que ceux qui gèrent le Parti socialiste aujourd'hui sont minoritaires au sein du Parti socialiste.
C'est là un des paradoxes du congrès de Reims. Et sûrement une des causes supplémentaires des difficultés du PS à se faire entendre.
Mr Karim: Mme Aubry est elle aujourd'hui, à votre avis, à la hauteur de la situation à la tête du PS ?
Elle est le fruit d'une alliance quelque peu contre nature qui nuit à sa capacité, dont je ne doute pas, à imposer sa marque réformiste au Parti socialiste.
Mr Karim: La discrétion actuelle de Mme Royal n'est-elle pas stratégique ? N'escompte-t-elle pas une catastrophe aux régionales de 2010 ?
Je ne pense pas que Ségolène Royal pratique la politique du pire. J'en suis même sûr.
Segomarin: Ne faudrait-il pas un congrès extraordinaire pour remettre le Parti en bon ordre de marche ?
Il est évident que si les élections régionales se passent mal pour le PS, il sera indispensable de prendre une initiative forte. Congrès extraordinaire ? Assises du socialisme ? pour remettre les choses à plat.
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