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Billet de blog 18 juillet 2012

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Enième débat sur l’euthanasie... Et un référendum, pour changer ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

« Débat sur l’euthanasie relancé » peut on lire à la une de tous les journaux le lendemain des propos tenus par le Président François Hollande à Rueil-Malmaison. Sans prononcer le mot « euthanasie », parlant d’ « acte médical assumé », il semble décidé à respecter la 21eme proposition de son programme de campagne présidentielle visant à légaliser une « assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ». Qu’importe le mot employé. M. Hollande est un politique, un stratège, et en tant que tel il sait à quel point les « éléments de langage » sont importants aujourd’hui dans notre société d’hyper communication (il vient d’en faire les frais dans un tout autre domaine...). Dans la loi autorisant l’avortement, pas une seule fois le mot n’est formulé. Car, d’un mot banal, ordinaire, il est passé dans les années 70, au statut de mot tabou, voire de gros mot. Par contre, les associations militantes du droit de choisir sa propre mort n’ont pas de ces pudeurs ou calculs : euthanasie est un mot compris dans le monde entier et dans son sens premier de « bonne mort ».

 En tant que militante pour la légalisation d’une aide active à mourir (à la demande exclusive de la personne concernée et, comme le précise F. Hollande, dans des « conditions précises et strictes ») je ne peux qu’être satisfaite que cette proposition soit de nouveau à l’ordre du jour.

Avec un bémol, toutefois : F. Hollande commence par nommer une commission...  « Si vous voulez enterrer un problème, nommez une commission", disait un autre homme d’état avant lui. Depuis 10 ans, entre missions, commissions, observatoires, etc. les experts se sont exprimés tout leur soûl. Une fois de plus, c’est à un médecin, Didier Sicard, que l’on confie cette mission. Le fait que Jean Leonetti se réjouisse de ce choix me fait craindre le pire ! Pourtant, bien que n’étant en rien un tenant de l’euthanasie, Didier Sicard s’est à plusieurs reprises exprimé de façon plutôt impartiale, admettant par exemple que « la médecine ne doit pas être exclusivement dépositaire de la vie d'autrui ». Espérons, que contrairement à ses prédécesseurs, il écoute l’opinion de tous les représentants de la société civile, y compris celle des militants pro-euthanasie et aussi, celle des grands oubliés des dernières consultations : les malades.

 Mais plutôt que d’organiser une énième commission, n’est-il pas temps maintenant de laisser la parole aux français de base qui, il ne faudrait pas l’oublier, sont quand même les premiers concernés ! La fin de vie, la mort, n’est pas une seule question médicale. Elle est avant tout un évènement personnel, intime. Et c’est aussi une question citoyenne car il s’agit du respect d’un choix, d’une volonté individuelle.

Alors, pourquoi pas un référendum ? On a pu constater que le dernier en date (sur la Constitution européenne) a donné lieu à des échanges sans précédent, à des contributions d’une richesse incroyable. Ce serait, concernant une loi légalisant l’aide active à mourir, l’occasion pour chacun d’entre nous de s’exprimer enfin, après un débat démocratique, en toute connaissance de cause.

 F. Hollande dit vouloir « aller plus loin » que le « laisser mourir » de la loi Leonetti. Aujourd’hui, on peut aller loin assez rapidement... car il devient urgent de légiférer. Que le gouvernement prenne ses responsabilités et assume ses engagements, sinon, à quand la prochaine « affaire », aussi douloureuse que les précédentes (Vincent Humbert, Chantal Sébire, et dans un autre registre, le Docteur Bonnemaison...) ?

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