La défense unie de E.Woerth par le gouvernement, l’Elysée et l’UMP, ressemble d’assez près à un curée massive contre la presse. Une seule étape dans l’argumentation manque encore : l‘indépendance de la justice est menacée par la presse. Et là, on reculerait d’un siècle les comparaisons historiques possibles sur le le thème de la collusion Justice-Presse, vers l’affaire Dreyfus qui reste à ce jour le modèle inégalé d’une erreur judiciaire voulue par l’Etat républicain pour « sauver l’honneur de l’armée ». D’ailleurs, c’est bien au cours des 11 ans qu’a duré l’affaire Dreyfus que la presse est devenue une force politique, un 4° pouvoir.
Il ne manque plus au gouvernement et à l’UMP qu’à solliciter Henri Guaino pour mettre en marche le dernier argument dans la défense du Ministre du travail : la collusion de la presse avec la justice depuis « une période particulièrement nauséabonde de l’histoire de la France ». Nous avons déja eu « le climat des les années 30 », mais pas encore le rappel que la presse est née comme pouvoir politique au cours de l’affaire Dreyfus. Evidemment, pour la défense orchestrée de Woerth, tout rapprochement serait un amalgame encore plus honteux que celui du mois dernier, puisque la victime de l’erreur judicaire de 1898 et de 1904 était juif. La seule différence est qu’il s’agissait alors de « sauver l’honneur de l’armée », alors que aujourd’hui il s’agit de l’honneur du Ministre du Travail, ex-Ministre du Budget de l’Etat, ex trésorier du parti du Président de la République ; l’autre différence qui est finalement la seule, est que la première affaire n’avait rien à voir avec un scandale politico-financier mais avec l'honneur de l'armée républicaine.
Mais la technique de sauvetage de l'honneur d'Etat est la même.