[Pendant ce temps... Où l'on commence à apprendre ce qui est arrivé à Achille bébé.]
Le docteur Péri avait considéré l'enfant comme étant seul au monde et avait arrangé au mieux son avenir. A cette époque, il recevait chez lui un vieux confrère, directeur du flambant neuf sanatorium d'Hendaye, qui, au sortir de son veuvage, avait épousé une jeune femme, Hélène, qu'il emmenait en voyage de noces à Venise. Le couple faisait escale chez lui. Le docteur avait raconté la naissance d'Achille. Il avait pensé leur confier l'enfant…
-Tu l'adopterais, mon Achille ?
Il s'adressait à son ami en gardant un œil sur la femme. Elle avait sursauté, désagréablement dérangée par cette conversation.
-Non, non. Nous ne comptons pas avoir d'enfants. Hélène veut se consacrer à sa carrière… Mais si tu lui cherches une famille, j'ai une idée. Une de mes filles de salle a perdu son enfant à la naissance, il y a deux ou trois mois. Famille sérieuse, déjà un fils, c'était le deuxième. Diphtérie. Tu veux que je m'en occupe ?
-Oui. Je n'ai plus aucun papier. C'est mon clandestin. Je te le garde au chaud. Vous le prendrez quand vous reviendrez de Venise. Il sera en forme. Il pourra voyager.
-Et si a fille de salle n'en veut pas ? dit Hélène.
Les deux médecins eurent la même mimique interrogative, agacée et grondeuse puis ils se turent. La fille de salle en voudrait.