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Billet de blog 14 nov. 2012

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Une question à Vincent Peillon, posée avec espoir, à propos des Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation (ÉSPÉ)

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Monsieur le Ministre, 

Comment avez-vous conçu les Ecoles supé­rieures du pro­fes­so­rat et de l'éducation (ÉSPÉ) ? Comment les voyiez-vous ? Avec quel statut, quelle place dans le système éducatif ?

Il ne s’agit pas de demander que tout aille vite, il s’agit de savoir ce que vous avez conçu, votre vision de ces Ecoles supé­rieures du pro­fes­so­rat et de l'éducation (ÉSPÉ) et de leur mise en place pratique.

Il faudrait que la réponse ne contienne pas des mots comme composante à part entière, adossée, intégrée, partie de, accouplée, en lien étroit ou tout vocable de langue de bois qui ne dit rien de précis. Il faudrait que la réponse soit une réponse aux électeurs qui ne veulent ni de la marchandisation de tout, ni de la privatisation de l’école, et qui ont été majoritaires en mai 2012. 

Le terrible coup de pied dans la fourmilière IUFM qu’ont été, en deux temps, l’intégration dans les universités puis la mastérisation, a eu son effet : la disparition de la fourmilière ; pas celle des fourmis, lesquelles se trouvent à avoir à lutter pour leur survie, ce qui détourne de la tâche première et rend parfois mesquin, dans un paysage universitaire confronté lui-même à des complexités et des contradictions non surmontées. 

Si vous pensez que le métier d'enseignant s’apprend, il faut une formation au métier, dans toutes ses dimensions : pas seulement les savoirs et leur transmission, les gestes et les procédures mais aussi l’appartenance à une institution, les obligations et l’immense  responsabilité qu’il y a à essayer de tenir la promesse de l’égalité pour les élèves, sur tout le territoire.

Si vous pensez que les enseignants doivent être des fonctionnaires d’état, vous avez besoin qu’ils soient lauréats d’un concours et pas seulement détenteurs d’un diplôme, donc cette formation ne relève pas de l’université dont la mission n’est pas de former des fonctionnaires.

Pour l’heure, les étudiants qui aujourd’hui subissent les coups et les contrecoups du pied rageur du gouvernement précédent vous observent et vous voient ramassant quelques mottes d’herbe encore habitées mais ne pas construire une autre fourmilière pour autant. Ces jeunes, une fois devenus enseignants, risquent fort de ne pas disposer de la sérénité qu’il leur faudra pour prendre en charge l’éducation et l’instruction des élèves qui leur seront confiés.

Je ne peux pas croire que votre idée de l’école soit celle d’un service rendu à la va comme je te pousse, où la débrouillardise, mue par la peur de ne pas pouvoir tenir sa place d’enseignant tiendrait lieu de compétence professionnelle unique.

Si vous avez conçu les Ecoles supé­rieures du pro­fes­so­rat et de l'éducation (ÉSPÉ), comme des maisons où les enseignants et les futurs enseignants deviendront plus savants et plus cultivés qu’ils ne l’étaient en y entrant, où ils apprendront à enseigner au mieux, au nom de la nation et au service des élèves, s’il vous plaît, dites-le.

Si vous n’avez pensé qu’à des montages boiteux, fébriles, liés aux contingences locales, perdus dans des locaux disparates que l’on n’entretient plus, avec des personnels rendus à travailler mal, cassés dans leur fierté professionnelle, avec des étudiants rendus à apprendre mal, dans des conditions idiotes et contre-productives, avec des normes et des règles universitaires plaquées, incongrues, qui n’ont qu’une fonction : le rationnement… Alors, félicitations, vous venez de réussir la plus rapide des refondations de la formation des enseignants. Mais dites-le.

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