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Billet de blog 21 juil. 2012

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Juan, Marseille, 1921, 1

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

[Gabriela Mistral fait une tournée en Europe. Juan l'accompagne et les lecteurs qui savent combien il souffre du mal de mer peuvent imaginer combien il a souffert pendant la traversée de l'Atlantique.]

Le feuilleton doit être un moment interrompu, pour des raisons de connexions et d'ajustements des coupures. Laissons Juan Godoy à l'aube de sa vie d'homme adulte...

Ils firent une escale à Marseille, un séjour de quelques mois. Juan fut exempté des voyages en Méditerranée où Gabriela alla prendre une respiration dans les îles auxquelles elle attribuait des correspondances avec les terres du Chili. Elle obtint pour lui un poste de sous-secrétaire au Consulat de Marseille. Une chambre fut mise à sa disposition, dans un hôtel de la rue d'Arcole. C'était une jolie suite en bout de couloir que l'administration mettait à disposition des peronnels du consulat, à l'abri des va-et-vient. Il y avait une table ronde, quatre chaises, un bureau rectangulaire et son fauteuil, un immense placard à étagères prévues pour ranger des dossiers. Dans le tiroir du bureau, Juan trouva deux stylos à plume, quatre bouteilles d'encre de couleurs différentes, une bleue, une violette, une noire et une verte, deux blocs de papier quadrillé dont un à la française, un paquet de buvards roses, un minuscule répertoire et un cahier vert aux pages numérotées pour la comptabilité. Dans la salle d'eau, une baignoire, un cabinet, un portant avec deux costumes propres, cinq chemises blanches, une cravate bleu-nuit, huit cintres en bois. Au-dessus du lavabo, entre le miroir et le robinet, on pouvait lire sur une plaque d'émail : "eau potable et courante". La fenêtre donnait sur une cour et deux platanes. Dans la chambre, un grand lit très haut avec des montants en fer forgé. Juan avait tout juste eu le courage de monter pour vérifier que sa malle avait bien été apportée du bateau.  Il s'interdit de s'allonger ou de rester à la fenêtre, descendit très vite s'inscrire à l'accueil qui lui parut sombre et étroit, puis se rendit au consulat.

*

 Lorsque Juan vit Marina Marlinca, il eut l'impression de voir une femme pour la première fois de sa vie.

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