
Aujourd’hui, s’est tenue une assemblée générale de coordination des mouvements contre les mesures Darcos. C’était à Lyon.
27 départements étaient représentés, par des mandatés ou non, par des communiqués qui ont été lus. Les communications ont fait état de la situation, de façon détaillée, en litanie.
C’est considérable.
Comme une première fois… quand on a communiqué par mails et qu’on se retrouve pour de vrai. Moins beaux, moins nombreux, moins pimpants, au matin, après du train ou de la route, dans la sale lumière des amphis de fac, où il fait trop froid et où il n’y a pas de place humaine pour poser un cahier et des stylos.
Ce qui s’échange, dans une organisation ferme –chacun ne parlera que cinq minutes sinon les réservations au restaurant vont poser problème – mais non syndicale, les personnes viennent parler. Elles racontent, elles décrivent. Là, ce sont les parents qui ont contribué à la lutte et ils ont conservé les livrets scolaires et l’Inspecteur d’Académie a porté plainte, là, un désobéisseur (ils sont 1800 répertoriés) vient expliquer comment ceux qui luttent peuvent être classés en catégories, de la résistance à la manifestation ostentatoire et personnelle du refus d’appliquer les ordres, là, l’adjoint au maire de la ville qui a pris la responsabilité d’accueillir et de soutenir cette assemblée vient dire la brutalité et la verticalité des réformes et de ceux qui les imposent, là, l’organisation nationale de parents d’élèves vient apporter son soutien, dans le respect des personnes, des biens et de la loi, là, les candidats au concours, inscrits sur liste complémentaire font part de leur ténacité depuis la rentrée pour obtenir d’être traités comme par le passé, là, il y a trois collectifs qui ne s’opposent pas et qui ne se soudent pas, là, on rapporte que les syndicats attendent de savoir si le nombre de désobeisseurs est suffisant pour justifier un soutien…
Nous, les mandatés par le collectif IUFM de Lyon, on se dit que ça bouge et que ça souffre. On se dit qu’écouter chacun, c’est rendre hommage à chacun, on se dit qu’on est plus que pas tout seuls. On les suit. Puis on essaie, à la tribune, de représenter cet autre pan de la réforme qui est la formation de tous les enseignants. Moi, je me dis que l’IUFM, pour ceux qui sont dans la salle, ça les a fait ricaner, peut-être, peut-être, quand ils y étaient –infantilisés parce qu’apprendre, ça infantilise, forcément- quand ils n’y étaient plus parce que de loin, un IUFM, c’est comme si c’était pas du terrain. Mais ils écoutent, comme on a écouté, et nous mesurons, ensemble, que c’est pas du pipo, la formation. Que c’est le nœud du mensonge gouvernemental, de l’arnaque si difficile à dénoncer dans les media, si compliquée à expliquer… Que le risque, terrible, c’est que le gouvernement recule sur tout : les lycéens, les instits, les enseignants –chercheurs, mais qu’il parvienne à vendre au bon peuple que les enseignants seront de meilleure qualité parce qu’ils auront –désormais (sic) !- Bac +5.
Mais
Il y a l’appel d’un syndicat d’Inspecteurs de l’Education nationale qui font état de ce que « la crise de confiance que d’aucuns pressentaient est en train de se cristalliser dans le développement d’un spectaculaire mouvement de désobéissance où se retrouvent des milliers d’enseignants et de familles. »
Il y a ce qu'indique la CDUL (Conférence des doyens et directeurs d'UFR lettres langues arts SHS), qui manifeste "sa solidarité avec toutes les équipes pédagogiques", appelle également la
CPU à "prendre ses responsabilités et à ne pas s'accommoder d'une procédure qui, en l'état, aboutirait à la dérégulation profonde et à la dégradation objective de la formation disciplinaire et professionnelle des enseignants".
Il y a, partout dans le pays, des gens pour se lever et hurler leur « ASSEZ !» à ce gouvernement qui veut faire de nous des soumis au marché, aux marchands, des marchandises, des objets bons à être évalués, des imbéciles qui pensent que travailler plus pour gagner plus peut être un projet humain.