Je sais que personne ne comprend rien à cette "réforme", de près comme de loin. Je sais que peu s'intéressent à ce qui arrive à l'Université et à la formation des enseignants. Je sais que tout se passe comme si être prof, c'était le dernier des métiers, pour ceux qui le font déjà, pour ceux qui n'ont pas envie de le faire. Comme si personne n'avait rien appris à personne, comme si personne n'avait rien appris de personne. Et nous sommes cependant un peuple instruit. Par personne, sans doute.
Les ministres viennent à Lyon. Nous demandons qu'ils nous reçoivent. Voici en quels termes :
A Vincent PEILLON, Ministre de l'éducation nationale et
à Geneviève FIORASO, Ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche
Nous avons l’honneur de solliciter de votre haute bienveillance une audience pour porter à votre connaissance ce que nous vivons depuis maintenant cinq années.
Après les remous de l’intégration de l’IUFM dans l’Université Claude Bernard Lyon 1 puis ceux de la mastérisation, nous avons eu, comme beaucoup, un réel espoir dans le projet des ESPE et nous étions partants pour envisager notre métier avec un regard nouveau, tourné vers l’avenir.Aujourd’hui, c’est désemparés, meurtris et indignés, que nous assistons à la mise en place de la réforme de la formation des enseignants, telle que nous la subissons à Lyon.
Nous pensons que vous n’ignorez rien du paysage universitaire lyonnais mais nous avons besoin de pouvoir évoquer, avec vous, la manière dont la réforme est mise en place. Nous avions cru que l’ESPE serait une école, c’est-à-dire un lieu identifiable, avec une direction propre et une mission spécifique de formation initiale et continue, alors que nous assistons à un éclatement pire que celui qu'avait créé la précédente réforme, chaque université se refermant de plus en plus sur elle-même, sa logique de postes et ses contraintes budgétaires.
Si vous deviez vous déplacer à Lyon pour une telle occasion et sans nous entendre, nos craintes n’en seraient qu’augmentées. Nous aimerions être certains, au moment, où vous « lancez » les Écoles supérieures du professorat et de l'éducation, que ces écoles ne se font pas contre nous, nous qui avons travaillé, en tant qu’enseignants, formateurs, chercheurs, dans le cadre d’une institution dévolue à la formation des enseignants que nous avons servie avec enthousiasme et avec une haute idée de la mission qui nous avait été confiée.
C’est avec encore un peu d’espoir que nous vous faisons la demande de cette audience, parce que nous croyons en un service public d’éducation, national. Nous vous assurons, Madame la Ministre, Monsieur le Ministre, de notre dévouement à l’Ecole.