Jusqu’à ce que la mort nous sépare (Till death do us part", formule de vieil anglais utilisée outre-Manche au cours de la cérémonie de mariage)
Nous étions jeunes et follement amoureux, assoiffés l’un de l’autre, poussés l’un vers l’autre par le même irrésistible élan, le même désir de vivre, et de vivre l’un pour l’autre, l’un avec l’autre. Tu m’écrivais des mots si tendres, des mots qui apaisent les affres d'une âme tourmentée, des mots qui inspirent le courage d'affronter chaque jour. Tu me disais des mots que j’ai entendus de toi seul, de ta voix douce si précieuse pour moi, des mots comme des bouquets de fleurs, comme des poèmes, comme des anneaux de fiancés, comme un ramage d’oiseaux au printemps, comme une brise fraîche un jour d’extrême chaleur, des mots comme les heures ensoleillées par temps de gel, des mots de paradis sur la terre.
Tu me serrais contre ton corps pour regarder, tous deux, la mer changeante et respirer l’air salé du grand large. A l’abri de ton épaule, j’étais protégée de tous les malheurs, oisillon sous l’aile de l’oiselle, enfant aux mains des fées. Michael Astor Smith, que Dieu le garde, l’Anglais qui vivait dans notre rue nous appelait le « couple romantique ». Nous étions jeunes, nous étions beaux, le monde semblait nous appartenir. Avec cet amour, nous possédions tous les trésors de l'univers, gemmes plus rares que les rubis et émeraudes du Chah d’Iran et de sa Chahbanou, que les diamants des Maharajahs ou encore le Koh-i-Noor de la couronne d’Angleterre. Mon visage rayonnait du sourire d’une reine. Jamais je n’aurais pensé que quelqu’un, quelque chose, nous séparerait un jour.
J’étais si triste quand tu étais loin, je te cherchais en vain en d’autres êtres, je cherchais tes traits sur d’autres visages ; bien sûr, je ne t’y trouvais pas. Il n’y avait que toi pour me faire sourire, pour me faire chanter, pour me faire rire, pour me faire pleurer. Tout au long de ces années, mon cœur t’appartenait, mon âme t’appartenait, ma vie t’appartenait. Ils t’appartiennent toujours. Tu étais mon prince, mon époux, mon roi, mon dieu. Tu es resté mon prince, mon époux, mon roi, mon dieu. Et puis tu es parti.
Tout à coup, tu t’es débarrassé de mon amour sacré, de l’union sacrée de nos âmes, de nos cœurs. Tout à coup, tu m’as abandonnée avec mes souvenirs de toi, mon infini besoin de toi, mon cœur brisé, mon amour désespéré. Tu as rompu notre lien sacré, fermé ton cœur à double tour, bien avant que la mort ne nous sépare. Et maintenant, je n’espère plus que la fin de mon chagrin, la fin de cette vie inutile et vide, la fin d’un hiver insupportable.
3 septembre 2021