Itinérance d'un somnambule d'aujourd'hui.
Quelle poésie dans les mots ! Quelle formule ! "Itinérance mémorielle" ... On reste rêveur ! M. Macron en "itinérant"... pas en "migrant" certes. Tel un papillon qui butinerait (quelques voix, peut-être) sur tel ou tel mémorial de la Grande Guerre, celle où des millions de paysans qui ne demandaient qu'à accomplir au village leur labeur quotidien pour nourrir femmes et enfants (et leur pays en l'occurrence) ont été sacrifiés par les "somnambules" (la formule est de l'historien Christopher Clark, 2013) qui tenaient lieu de chefs d'Etats d'Europe en 1914. Les marchands d'armes, de vin et de tabac ont pu réaliser le rêve macronien d'aujourd'hui : devenir milliardaires grâce à cette "Grande" Guerre, grande boucherie masquée par l'héroïsme des soldats (voir ce que George Mosse pense de "l'héroïsme", mascarade destinée à occulter l'abattoir que fut la réalité des batailles).
Peut-être, dans quelques années, les Yéménites auront-ils aussi leur itinérance mémorielle autour des monuments érigés à la mémoire de leurs ancêtres, décimés par les merveilles technologiques que la France vend à l'Arabie saoudite, sans que M. Macron en éprouve quelque état d'âme que ce soit. Business is business, en 2018 comme en 14-18.