Aux migrantes de la Méditerranée
Au nom de toutes celles qui cherchent un peu d’amour
Un peu de chaleur humaine, un peu de tendresse,
Un lieu sûr où simplement vivre la vie qu’un jour
Le hasard a fait surgir d’une rencontre, d’une caresse,
Des tourments et des souffrances d’une autre femme
Qui avait donné dans la joie son corps et son âme,
Oubliant des bonnes vieilles les contes sages
Pour les promesses d’un amant de passage ;
Au nom de leur confiance de leur avenir, égarés,
De tout amour tout espoir tout projet effondrés,
Je t’écris ce poème à toi qui ne veux plus de moi
Moi qui t’aime si fort qui n’aime que toi
Depuis aussi longtemps que mon rêve
D’enfant qui croyait au Prince Charmant
Moi qui t’aime aussi profondément, passionnément
Que dans l’Ancien Testament Adam fut aimé d’Eve
Moi qui n’ai vécu et ne vis que pour ton être
Sans fard, sans secrets, sans souci du paraître
Au nom de toutes les femmes incomprises
Que l’homme de leur destin a soumises
A la torture de l’absence, du silence, de l’oubli,
Je t’adresse mes sanglots et mes larmes sous ce pli
Ma solitude est plus que jamais abyssale
Et ce désespoir qu’aucun chagrin n’égale
Ni celui d’Héloïse pour Abélard son maître
Ni celui de Juliette pour le plus beau des traîtres
Personne ne pourra, personne, jamais, m’en consoler.
Sur quel autel mon cœur est-il immolé ?
Sur quel autel, sacrifiées, vous, mes amies, mes sœurs,
Au nom de quelle loi, au nom de quelle noirceur ?
14 juin 2021