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Nicole Péruisset-Fache

Professeure agrégée honoraire, Docteure de l'Université de Rouen, Qualifiée aux fonctions de maître de conférences, Chercheure en sciences humaines indépendante, poète à ses heures

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Billet de blog 7 septembre 2021

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Poème des 4-7 septembre 2021

L’interrogation primordiale Je te pensais né pour être mon amour, mon seul véritable amour. Et je me pensais née pour être ton amour, ton seul véritable amour, pour laisser au  monde présent et à venir des chansons, esquisses de poésie, parlant de nous qui n’étions qu’un,

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

« Le but, c’est le chemin » Goethe

L’interrogation primordiale

Je te pensais né pour être mon amour, mon seul véritable amour. Et je me pensais née pour être ton amour, ton seul véritable amour,

pour laisser au  monde présent et à venir des chansons, esquisses de poésie, parlant de nous qui n’étions qu’un,

pour chanter au monde présent et à venir le miracle de la rencontre, la splendeur de l’union parfaite entre deux corps, deux âmes, deux êtres, la tristesse de la vie tant et plus, les embûches sur la route, la torture de l’absence et de l’attente, la loterie du devenir, et la victoire de l’amour vrai sur toute déchirure, sur toute errance amère, toute déviance ordinaire, toute réalité banale et sordide.

Je me pensais destinée à chanter les mille et une facettes de l’existence, ce diamant, la joie de vivre et de t’aimer, la douceur d’avoir trouvé en toi l’âme-sœur, la seule âme-sœur possible, toi pour moi, moi pour toi, Abélard pour Héloïse, Héloïse pour Abélard, Roméo pour Juliette, Juliette pour Roméo, Tristan pour Yseult, Yseult pour Tristan. Leurs amours avaient été tragiques, nous allions vivre pour toujours ensemble, tu le disais, je le croyais, notre communion était musique. Quoi qu’il arrive, mon amour reste inaltérable. Hélas, tu as fini par faire du tien un feu de paille. Et je rimaille au sein de l’inconnu, désert.

Nous avons bousculé tous les obstacles sur ce chemin qui n’a d’autre but que le chemin lui-même, confiant l’un en l’autre au long des années, années de labeur, années de bonheurs, années de pleurs, années de peurs, années de douleurs, années d’extases, de pluie et de soleil mêlées, de gel et de chaleur, de temps calme et d’orages, que toujours couronnait l’amour.

Nous étions nés, croyais-je, pour nous sourire de visage à visage, pour nous rejoindre toujours, pour lutter ensemble, rire ensemble au soleil parmi l’écume des vagues, pleurer ensemble des mêmes souffrances, des mêmes deuils, bénir les mêmes cercueils, heurter les mêmes écueils, pour nous comprendre d’un regard, nous éclairer l’un l’autre de nos différences, et faire de cet amour un chef-d’œuvre parmi les chefs-d’œuvre pour l’éternité, dans les bras l’un de l’autre. Nous allions vaincre les années, vieillir ensemble dans la lumière de l’amour partagé pour les siècles des siècles.

Du moins, je le croyais. Alors, tu as brisé la couronne.

Le temps sans pitié use et détruit toute chose, je n’ai pas pris garde, il nous a vaincus ; il a durci ton cœur, il m’en a, sans ménagements, arrachée, éjectée, chassée, éliminée, exterminée. Adieu, paroles douces de ta voix, tendres caresses de tes mains, promesses de lendemains, bouquets d’anniversaire, rares moments partagés, adieu rêves d’éternité et de sagesse! Mon cœur est lourd d’un amour meurtri, enseveli sous la pierre de ta froideur, lourd de la solitude abyssale de chaque instant, des songes flétris, du spectre hagard des jours à venir, de ton absence à perpétuité, de tout espoir à jamais égaré dans les ténèbres du hasard, lourd du passé inutile et vain, réduit à néant aux vastes salles en ruine de ta mémoire. Le destin a cruellement frappé au heurtoir de mon cœur qu’étouffe le chagrin.                        4-6 septembre 2021                                                         

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