« Les enfants qui s’aiment s’embrassent debout
Contre les portes de la nuit »
Jacques Prévert
Quais de gare
Giboulées sur l’amour à la première page
Les minutes que dévore l’horloge géante
La rose s’est flétrie à la boutonnière du corsage
Et voici la ville engloutie par la nuit béante.
Les pas des voyageurs blessent l’âme à coups de poignard
Un train hurle aux étoiles notre déchirure si proche
Les feuilles mortes envahissent nos ultimes regards
Nul ne croisera plus nos ombres enlacées, à l’abri du porche.
Le vent du nord s’est glissé entre nos lèvres et nos doigts
Un autre jour t’attend déjà sur un autre quai de gare.
Sur le seuil des adieux précurseurs de grands froids
Nous restons, l’un et l’autre, seuls pour traverser le hasard.
Octobre 1972- 21 octobre 1981