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Nicole Péruisset-Fache

Professeure agrégée honoraire, Docteure de l'Université de Rouen, Qualifiée aux fonctions de maître de conférences, Chercheure en sciences humaines indépendante, poète à ses heures

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Billet de blog 8 novembre 2014

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Mourir pour des idées ...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En fin d’après-midi, Thierry Carcenac, président du conseil général du Tarn, explique àLa Dépêche du Midi que « mourir pour des idées, c'est une chose, mais c'est quand même relativement stupide et bête ».

Quelle admirable remarque ! Quelle classe, ces élus ! Quelle hauteur de vue ! Quel humanisme ! Quelle merveilleuse maîtrise de la langue et de la pensée ! "Stupide et bête" ... Une chance pour M. Carcenac : le ridicule ne tue pas, la médiocrité non plus.  "Mourir pour des idées ... relativement stupide et bête" ...M. Carnenac devrait relire, devrait apprendre, l'histoire de France ; il verrait qu'à chaque page des gens (stupides  et bêtes, il faut croire) sont morts pour des idées.

"Stupide et bête", Jean Moulin ?  "Stupides et bêtes", tous les résistants qui ont donné leur vie pour libérer la France de la dictature nazie ? C'est pourtant bien pour des idées qu'ils se sont sacrifiés, non ? Pour un idéal, pour celui, tout simple, qui reste inscrit en toutes lettres au fronton de nos mairies et pour lequel nous élisons nos représentants : Liberté, Egalité, Fraternité, idéal dont les jeunes écologistes ne pouvaient manquer de s'inspirer à Sivens et que sont censées protéger les forces de l'ordre.

En outre, comment le jeune Rémi Fraisse pouvait-il se douter qu'il allait être tué pour ses idées ? Comment pouvait-il un seul instant imaginer que dans son pays, la France, c'est sa vie qu'il risquait en manifestant pacifiquement à côté de ses camarades au nom de la défense de la nature, de l'ordre vrai, de l'ordre juste, et non celui des conflits d'intérêt et des manigances d'indéracinables professionnels de la politique bouffis d'orgueil  ? Comment pouvait-il imaginer que les forces de l'ordre, instituées pour protéger les droits du peuple, allaient être utilisées contre le peuple ?

Il faut croire que l'émotion étreignait Monsieur Carcenac puisqu'il ne trouvait pas ses mots. Pas d'autres mots que deux synonymes qui, en revanche, s'appliquent on ne peut mieux à la phrase qu'il a prononcée.

Mais l'émotion de M. Carcenac ne pouvait être celle à laquelle on voudrait penser, pas celle qui étreint l'homme de bien à l'annonce de la mort d'un innocent,  bien plutôt celle de sa mauvaise conscience et de sa hantise de la découverte du pot aux roses. Il est des hommes qui ont une pierre à la place du coeur.

En tout cas,  il était vaiment déplacé de dire une telle chose en pareilles circonstances. Déplacé ? Non, tout simplement monstrueux. 

Car c'est notre enfant à tous qui a a été tué à Sivens.

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