La beauté du diable
Jeune, tu avais la beauté du diable et je t’aimai au long des heures, des jours, des semaines, des mois, des années, en ton absence bien souvent. Je t’aimai et admirai comme il est rare d’aimer, rare d’être aimé et admiré, de toute mon âme, de toute ma vie, à chaque instant du jour et de la nuit. Tu occupais toutes mes pensées, tous mes espoirs, tous mes songes. Ton image était gravée dans mon cœur, tes paroles inscrites à jamais dans ma mémoire.
Mais l’homme que je croyais voir en toi n’était qu’imaginaire, tu me l’as asséné sans délai, sans égard, sans pitié. Ta vraie nature s’est révélée être celle du diable en personne, infidèle, menteur, tricheur, hâbleur, imposteur, traître. Cet homme a sciemment pulvérisé mes rêves en m’abandonnant brutalement, du jour au lendemain, il a ravagé ma vie, il a dépecé mon cœur, maintenant en lambeaux, rouge viscère de chair arrachée, palpitante, explosée par la grenade de ta haine.
Sacrilège des sacrilèges, tu as outragé, tu as profané, tu as vandalisé, le temple sacré destiné à défier l’éternité, que nous avions patiemment édifié, jour après jour, depuis nos vingt ans. Tu en as dévasté la cella où, sous le sceau d’un amour éblouissant, un précieux reliquaire enchâssait nos promesses d’éternelle alliance. Les dieux qui t'avaient tout donné se vengeront. Jamais plus tu ne trouveras la paix, ma ferveur martyrisée te hantera et tu en mourras.
9 avril 2023 Aimée Saint-Laurent © Chants de guerrière