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Nicole Péruisset-Fache

Professeure agrégée honoraire, Docteure de l'Université de Rouen, Qualifiée aux fonctions de maître de conférences, Chercheure en sciences humaines indépendante, poète à ses heures

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Billet de blog 10 septembre 2021

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Poème du soir

Comment as-tu fait pour ne plus voir, pour ne plus apprécier, pour ne plus te réjouir, d’être ma plus grande source de joie sur terre, mon plus cher trésor, mon soleil sans pareil, depuis toujours, pour m’en priver désormais en m’imposant le silence d’une prisonnière au noir cachot de ton mal être?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

« …, si mon visage a quelques traits un peu vieux,

Souvenez-vous qu’à mon âge,

Vous ne vaudrez guère mieux »

      Pierre Corneille

   Comment ?

   Comment as-tu fait pour ne plus voir, pour ne plus apprécier, pour ne plus te réjouir, d’être ma plus grande source de joie sur terre, mon plus cher trésor, mon soleil sans pareil, depuis toujours, pour m’en priver désormais en m’imposant le silence d’une prisonnière au noir cachot de ton mal être?

Comment as-tu fait pour ne plus voir, pour ne plus apprécier, pour ne plus te réjouir d’être l’homme le plus aimé jamais sur cette terre, le seul être qui me manque aussi cruellement depuis toujours, le seul à qui j’ai tout offert, de ma vie, de mon temps, de mon corps, de mes pensées, de mon âme, le seul que j’aie jamais attendu aussi désespérément chaque jour?

Comment as-tu fait pour transformer l’amour dont tu m’entourais, l’amour que tu sertissais de tes mots à toi chaque jour, l’amour que je croyais lire dans tes gestes de chaque jour, en cette indifférence glaciale qu’après me l’avoir assénée les yeux dans les yeux, je vois maintenant dans les laconiques messages que tu m’adresses, tandis que tu ne m’accordes même plus le droit d’entendre ta voix tant chérie?

Comment un si grand amour, promis à l’éternité des légendes, aux mystères des plus beaux poèmes, a-t-il pu devenir cet étrange mépris de ma douleur, des tourments de mon cœur impatient, de mes élans primesautiers de fiancée vers toi l’unique, devenir cet étrange et insupportable déchirement ? Ton cœur aigri, recuit par l’âge et le souci, serait-il devenu de noire et tranchante obsidienne pour mieux déchirer mon âme pourtant toute tienne?

Comment tes baisers sur mes lèvres, autrefois inscrits sur tes messages électroniques, ont-ils pu prendre le masque du dégoût puis disparaître alors qu’on me dit encore belle, malgré les injures du temps et des chagrins ?

Comment fais-tu pour ne pas te laisser émouvoir par ce dont rêvent tant d’hommes solitaires, l’indicible tendresse que la femme amoureuse que je suis restée depuis notre jeunesse, ne voue qu’à ta personne ?      

Faut-il que tes démons t’aient accaparé tout entier pour qu’à tes yeux sans pitié je sois devenue infâme, condamnée à ta vindicte, à l’angoisse de la solitude amère et à l’affreux cauchemar, maudite pour les siècles des siècles !

                                                                                                           10 septembre 2021             

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