Est-ce le hasard ? (à Paul)
Est-ce le hasard ou la volonté d’un dieu, qui au long de millions d’années fit d’un amas de matière inerte notre étonnante Terre, l’air que nous respirons, les océans d’où contre toute attente un jour émergea la Vie ?
Est-ce le hasard ou la volonté d’un dieu qui, après des siècles d’itinérance pour notre espèce, nous fit venir au monde, toi et moi, prépara notre rencontre ensoleillée, cet été brûlant d’indomptable passion, et fit de nous éphémère résurgence des sublimes amants de légende ?
Est-ce le hasard ou la volonté d’un Dieu qui, ce jour-là, nous ouvrit les portes du Ciel et de l’Enfer, et nous fit tituber de l’un à l’autre jusqu’à ton choix de l’adieu après la Chute.
L’océan, souvent vert comme tes yeux, dont nous avons si longtemps, ensemble, contemplé les vagues sous le vent d’ouest,
L’océan, parfois bleu, dont nous avons si souvent suivi du regard sur l’azur les élégants oiseaux blancs ivres de liberté et d’espace,
L’océan tumultueux dont, paupières closes, nous avons tant aimé humer ensemble les embruns au parfum d’iode, dispersés par le souffle du large qui effeuille aussi les roses,
L’océan gris des plages du Nord et de Normandie, sous les pluies de l’automne, dont chaudement blottis l’un contre l’autre nous entendions le bruyant ressac sur le rivage aux galets roulés par les marées,
Ce sont images effacées de ta mémoire où je ne suis plus qu’une ombre évanescente,
Ce sont souvenirs déchirants arrachés de mon cœur sous la violence d’un sombre hiver,
Ce sont cendres éparpillées de l’oiseau qui traversait nos nuits étoilées, l’oiseau Phénix que tu as voulu étouffer. Mais j’ai lissé ses ailes engluées, il va renaître, plus majestueux que jamais, et va prendre, immortel, son essor, messager jusqu’à toi de l' anneau d’or, comme celui que je porte au doigt de nos noces.
13 avril 2024, Aimée Saint-Laurent © Ephéméride 3, Renaissance