Poème du chagrin imprescriptible
Errant vainement dans la nuit d’un sépulcral silence, mon amour se heurte, tel un oiseau prisonnier, aux murs de l’infini purgatoire où tu m’as enfermée, où ne résonne plus ta voix tellement aimée, depuis si longtemps. Privées chaque soir du baiser tant attendu de tes lèvres, mes lèvres ne savent plus que prononcer ton nom, prière qui se perd dans le désert. Un étrange cataclysme en ton cœur a rompu toutes digues qui protégeaient mon âme des désastres du présent et, loin des vivants, loin du dieu vénéré qu’en ma mémoire tu es encore, je reste seule pour affronter le hasard. Les vagues écumantes des océans verts, grosses de mon indicible désespoir, grosses des chagrins de toutes femmes depuis l’aube des temps, mugissent, bêtes à mort blessées. Inlassablement, elles se bousculent sous les tempêtes, échevelées comme pleureuses affligées autour de l’urne d'un cœur déchiré, à jamais scellée. Que bouteille à la mer, le poème emporte aux rives lointaines des temps et du monde à venir le souvenir de la vie éphémère qu’en éternelle amante, je t’ai vouée.
16 août 2021