Scènes de la démence ordinaire
Cette colombe inerte qui git sur la pelouse, dont la brise soulève les douces plumes blanches de la poitrine, c’est mon bel amour, au milieu d’une flaque de sang, que tu as assassiné.
Ce livre sous l’arbre déraciné aux pages arrachées par la pluie et la tempête, c’est le récit tragique de notre histoire que tu as saccagée dans ta démence de vieillard.
Ces roses dépouillées par les bourrasques de l’hiver aux allées du jardin, ce sont les pétales flétris de nos années oubliées, de mes rêves détruits, des fleurs fanées des cimetières abandonnés.
Ces petites-filles aux mains coupées, endormies sous des loques dans leurs robes de fête, ce sont des enfants de Gaza mitraillés par les drones d’Israël.
Ces traces rouges dans la neige de l’Ukraine, ce sont les restes de passants innocents dont les soldats russes ont versé le sang, pour le délire d’un ogre adorateur du Dieu Moloch.
16 novembre 2024 Aimée Saint-Laurent © Chants de la Désespérance