Thrène
Lorsque les cris de mes pleureuses
S’élèveront vers Bételgeuse,
Gémissements des pleureuses,
Essor de mouettes rieuses
Au miroir du lac de moire,
Etincelles de feu aux rivages de ta mémoire,
Lorsque les cris de mes pleureuses
S’envoleront vers Bételgeuse,
Bételgeuse la muette, la lumineuse,
Bételgeuse l’éternelle, la secrète,
Il sera trop tard, mon ami,
Il sera trop tard. Tout sera fini.
Jamais plus pour toi ne dansera dans mes yeux
La flamme d’un regard sérieux, à nul autre pareil,
Jamais plus ne jouera le souffle de la brise dans mes cheveux
Jamais plus ne m’enlacera le soleil en une étreinte fougueuse
Jamais plus le printemps ne me surprendra amoureuse.
Mes lèvres à jamais closes sur mes lais de rêveuse,
Plus de baisers effeuillés pas mes doigts de voyageuse
Aux quatre vents de nos départs, de nos adieux,
Vers ton visage sage, ta silhouette songeuse.
Lorsque les cris de mes pleureuses
S’élèveront vers Bételgeuse,
Gémissements des pleureuses,
Essor de mouettes rieuses
Au miroir de la nuit noire,
Poignards du regret planté au cœur de ta mémoire,
Lorsque les cris de mes pleureuses
S’envoleront vers Bételgeuse,
Bételgeuse la muette, la lumineuse,
Bételgeuse l’éternelle, la secrète,
Il sera trop tard, mon ami,
Il sera trop tard. Mais voici venir Minuit.
24-27 septembre 1992