Carnet de bal
Attends, beau cavalier des ténèbres
Ne me tends pas déjà les lèvres
Je n’ai pas retrouvé le henné
Dont je dois baigner mes cheveux
Ni le khôl pour assombrir mes yeux
Ni la myrrhe, ni le benjoin
Ni l’huile légère des noces
Dont mon corps doit être oint
Attends encore pour m’offrir ton baiser
Je cherche le lien tressé d’or fin
Qui ceindra ma robe de bal
Je cherche mes sandales pour danser
Je cherche mes anneaux de fiancée
Ô cavalier de la dernière nuit, attends
Je veux encore au ciel compter les étoiles
Et contempler demain le monde à venir
Je veux, trapéziste accrochée à un rêve
Retrouver dans la splendeur des mirages
L’oasis inespérée où je bus l’eau sauvage
Cavalier noir de l’au-delà, attends, attends
Laisse-moi me pencher sur la source aux souvenirs
Avant de courir à de nouveaux rendez-vous
Laisse-moi m’enivrer des regards aimés
Des paroles que le vent emporte comme promesses mortes
Laisse-moi puisque c’est à ton bras jaloux, vainqueur,
Que m’étourdira la plus troublante des valses lentes.
26 mai 1992