Figures du Christ
Ce n’est pas mon front que ceint l’immémoriale couronne d’épines, c’est mon cœur, et celui de toutes les femmes bafouées, de tous les exilés.
Ce n’est pas seulement mon flanc d’amoureuse et de mère qu’a transpercé le glaive ensanglanté que tient encore ta main, c’est mon cœur et celui de toutes les femmes trahies, de tous les exploités.
Ce n’est pas un soldat romain qui a porté à mes lèvres assoiffées de ton amour, l’éponge trempée dans le vinaigre du mensonge et de la trahison, c’est Celui que j’ai aimé si longtemps. Il m’a abandonnée aux portes du néant, comme tant d’hommes le font, d’Ulysse à Enée, comme tant de femmes le subissent, de Pénélope à Didon, et même la belle Calypso. L’histoire se répète, puissants et volages les hommes s’arrogent tous les droits, et les femmes en meurent, les réprouvés aussi.
Ce n’est pas de moi que parle ce poème, mais de toutes les femmes trompées puis délaissées par Celui qu’elles n’ont jamais cessé d’aimer, à qui elles ont sans compter donné toute leur vie. Il parle de tous les affligés, à leur corps défendant confiants en l’Humanité.
19 novembre 2024 Aimée Saint-Laurent © Chants de la Désespérance