« Tout bonheur est un chef d’œuvre »
Marguerite Yourcenar (Mémoires d’Hadrien)
« L’un des grands mystères humains : l’inextricable
mélange de la haine et de l’amour »
Octavio Paz (La double flamme)
Mystères
Condamnés à n’être l’un pour l’autre que mystère, énigme indéchiffrable – destin dévolu à tous humains, tous amoureux, tous amants, depuis que le monde existe – il n’est que bienveillance, compréhension, tendresse, intelligence, pitié, transcendance née de l’amour et plus puissante, sacrifice parfois, échange de paroles, pardon, pour tenter de se rejoindre.
La paix est à ce prix. Elle n’advient pas, sans cesse à construire, pierre après pierre, comme l’on bâtit un temple, jour après jour. En leur vieil âge, en leur infinie sagesse, nos ancêtres en avaient fait un chef d’œuvre fragile, communiant dans leurs souvenirs, s’appuyant l’un sur l’autre, se comprenant d’un sourire, avant que la mort ne survienne et les sépare.
Je croyais près de toi avoir trouvé mon havre de paix, je te croyais serein, heureux. Le bonheur existe-t’il ? Et puis, tout a basculé ; un maelström a soudain déferlé sur nos jours, venu de je ne sais quel horizon marin lointain. Il m’a bousculée, emportée, étourdie, on subit la catastrophe avant de savoir ce qui l’a causée.
Ta cruauté, surgissant soudain des profondeurs d’un inconnu insoupçonné, s’est alliée aux tragédies du monde, passées et présentes, pour faire chavirer mon cœur et ma vie entière. L’enfer a envahi notre maison, invisible tremblement de terre aux répliques imprévues, brutales.
Mais l’ouragan n’a pas altéré mon amour de fiancée pour toi, celle qui t’attendait avec tant d’impatience depuis toujours pour toujours, celle qui rêvait d’ensoleiller ton existence, celle qui espérait te consoler de tes chagrins en déposant un baiser sur ton front soucieux, celle qui t’adorait et t’adore encore comme un dieu.
20 août 2021