« Les feuilles mortes se ramassent à la pelle,
Les souvenirs et les regrets aussi ...
C'est une chanson qui nous ressemble,
Toi tu m'aimais, moi je t'aimais
Et nous vivions, tous deux ensemble,
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais
Mais la vie sépare ceux qui s'aiment
Tout doucement, sans faire de bruit
Et la mer efface sur le sable
Les pas des amants désunis »
Jacques Prévert
Fin d’été
La plaine blonde sous les chaumes des moissons achevées attend le morne automne, les arbres dépouillés, leurs feuilles dispersées par la bourrasque, le départ des oiseaux migrateurs pour d’autres continents, l’annuelle débandade des hirondelles, un avenir plus que jamais incertain dans un monde rongé par la folie des hommes. Bientôt des coups de feu claqueront dans les bois où se hasarderont les bêtes. Saison de chasse ici, saison de guerre ailleurs, saison des fusils et des meurtres toujours.
Sous les nuages annonciateurs de tempêtes, au pied des falaises solitaires, la mer éternise sa surface grise et roule ses galets délavés, bruyamment aspirés par la houle et l’écume. Une brise iodée apaisera-t-elle les larmes des veuves de marins ? Les baigneurs ont plié bagage, et les rires d’enfants, déserté la plage. Algues et déchets de plastique se sont échoués sur le sable des marées basses et les sources d’eau claire y bouillonnent parmi les rochers qui abritent les crabes. Nos ombres enlacées n'y apparaîtront plus.
Les années passent, l’été s’envole, déclin du soleil, naufrage de l’amour, adieux de l’homme adoré, deuil en mon coeur ; déjà le sombre hiver revient et traîne, et ma vie oscille entre rêve et cauchemar.
21 août 2021