« Down dropt the breeze, the sails dropt down
‘Twas sad as sad could be
And we did speak only to break
The silence of the sea”
S.T. Coleridge
L’iceberg
J’espérais, passagère apaisée de ce blanc navire
Cingler vers un cap aveuglant de lumière,
Or nous voguons entre deux eaux, je transpire
L’enfer s’éternise, la fièvre m’emportera la première.
Dans mon délire, j’interroge sans relâche
Le Sphinx qui fut de tous mes voyages
Ou bien il reste muet, ou bien il se fâche
Et je maudis d’inopportuns bagages.
Quel démon prend plaisir ainsi à me punir ?
La lampe du passé n’éclaire plus l’avenir.
De tous côtés, l’horizon se dissout dans la brume,
Ma voix se brise aux rocs géants du silence
Qui ne renvoient de mes questions qu’écho posthume.
Et j’aperçois, qui s’avance, la silhouette d’un iceberg immense.
10 juillet 1986