Avril en fleurs, avril en pleurs
Avril en fleurs, avril en pleurs. Sans relâche, de l’Ukraine au Yémen, du Mexique au Soudan, l’Histoire déverse ses malheurs sur un monde à feu et à sang, des innocents tombent sous les coups de lâches, ils sont portés en terre vers l’éternité de la tombe, des femmes se lamentent, des enfants s’épouvantent, partout le saccage et la tourmente.
Avril en fleurs, avril en pleurs. Un vent glacial arrache rameaux et feuilles nouvelles, il les plaque dans la boue des chemins; les tulipes affolées courbent la tête dans les jardins, l’horizon se noie dans la grisaille et la pluie. « L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir ».
Avril en fleurs, avril en pleurs. Nous attendons le joli et gai mois de mai ; pourtant, nous savons que le temps des cerises est gros de tragiques surprises. Les printemps des peuples s’achèvent inexorablement dans le meurtre, et notre planète, imperturbable, poursuit sa course échevelée à travers la galaxie, emportant parmi les étoiles muettes les Sages et les déments, les vivants et les morts, la mémoire et l’oubli des siècles passés, la lumière de l’espérance et les ténèbres des temps à venir.
Avril en fleurs, avril en pleurs. Tu as assombri ma vie, trahi ta parole, piétiné nos souvenirs, assassiné la vérité, renié ta mère, ton père et tous les tiens. Tu t’es soumis aux démons d’une dévergondée, tu es possédé ; l’enfer va bientôt se refermer sur toi, et je ne te plaindrai pas.
23 avril 2023 Aimée Saint-Laurent © Chants de guerrière