Réveil
M’éveiller près de mon amour, en respirant le parfum de sa peau nue, la rose de sa tendresse, c’était cueillir dès le matin l’éphémère espoir du jour. C’était embarquer dès l’aurore pour une nouvelle Odyssée sur ce bateau ballotté par la vague et le vent, dont il était l’ancre. Emerveillée par la splendeur de son corps d’Hermès à Olympie, que Praxitèle sculpta, j’oubliais le chaos d’un monde à feu et à sang, pourtant si proche de moi. Partageant avec Lui la beauté du paysage en fleurs au soleil du printemps, je croyais enfin vivre. Je luttais contre l’impossible. Mon rêve disparut.
J’admirais l’élégance du dieu, j’ignorais la noirceur glacée de son cœur. Les nuages s’amoncelaient déjà au-dessus de ma vie. A mon insu, il partait sans cesse à la poursuite de l’aventure, loin de moi. Que cherchait-il, sinon, lui aussi, l’impossible ? Il rencontra le diable en chemin. Le démon le captura, l’incarcéra dans sa prison infernale et en rit.
Je restai alors seule, à affronter le hasard, fuyant l’insensé regard des étrangers conquérants pour la Pénélope à jamais éplorée que mon amour en allé, trop idéal, avait fait de moi.
24 mai 2023
23 avril 2023 Aimée Saint-Laurent © Nouveaux Chants de Pénélope