Noël dieppois
Au ras de l’azur et des falaises
ivres de danses de liberté
les goélands criards déchirent le jour d’hiver
de leur blancheur aveuglante de leur gouaille
venus de tous les horizons les vents au long cours
s’arc-boutant aux eaux vertes de l’océan
ébouriffent les vagues à crinière d’écume
jusqu’au cercle fuyant où sombrent voiles et nuages
au-dessus de la ville le soleil livre bataille
contre les aquilons alliés en rafales véhémentes
et les bateaux de pêche désertés s’agitent à quai
dans l’air bleui comme de banquise
bariolée la matinée d’éblouissante lumière
glisse imperceptiblement à l’écart du solstice
deux mille ans de christianisme vous ont contaminés
condamnés peuples soumis d’Occident, de l’Afrique et d’Orient
en vos calendriers et vos âmes l’Avent reste imprimé
au fer rouge de l’erreur érigée en Vérité du dogme
temps des réjouissances pour les marchands du Temple
et les banquiers en leurs palais de silence d’ordre et de marbre
je ne veux Païenne voir au-delà de tout paysage
que la tragédie de l’Homme seul aux prises avec le monde
et mes louanges n’iront qu’aux libres oiseaux de mer
aux vents au soleil aux océans au hasard que je nomme Miracle
et qui les fit à notre image, éphémères sauvages cruels et beaux.
Dieppe, 13 décembre 1993