Maternité (à tous ceux qui se croient des hommes)
Nous n’aurons jamais assez de larmes, nous les femmes, pour pleurer sur vos mensonges, vos trahisons, votre violence, vos guerres, vos meurtres, votre cruauté.
Nous n’aurons jamais assez de larmes pour pleurer la mort de nos enfants au cœur pur, la mort des enfants des autres, défigurés, assassinés, pour juste avoir été là où il ne fallait pas. Nos enfants que nous avons portés pendant neuf longs mois, nos enfants à qui nous avons donné le jour dans de grandes souffrances, fières d’avoir su mener à bien la tâche, naïves de croire qu’avec le lait, nous leur offrions la paix dans le plus beau des mondes, nos yeux dans leurs yeux, notre sourire posé sur leur tendre visage, avec les berceuses que nous leur chantions, avec les histoires que nous leur contions avant d’effleurer de nos lèvres leurs paupières scellées par le sommeil, de leur souhaiter de beaux rêves et de partir sur la pointe des pieds.
Nous n’aurons jamais assez de larmes de désespoir, de honte et de rage en voyant ceux qui devraient les protéger, au nom de l’Etat, jouer à la guerre, les traiter en ennemis, en criminels, parce que ces enfants pensent à l’avenir, parce qu’ils veulent un monde meilleur, parce que l’immémoriale aventure humaine ne doit pas s’arrêter là pour le plus grand bonheur, éphémère et futile, des banques et des banquiers.
Nous n’aurons jamais assez de larmes, et rien ne les effacera, pas même le temps, mais vous, les assassins, serez à jamais maudits jusqu’à ce que vos ossements tombent en poussière.
31 mars 2023 Aimée Saint-Laurent © Chants de guerrière