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Billet de blog 2 septembre 2011

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La guinguette a fermé ses volets

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C’était hier soir. Premier jour de septembre. J’ai trébuché sur un pavé. Et j’ai vu l’absence. Elle n’était plus là. Dans le square derrière l’église. La grande tente de toile blanche qui avait abrité nos danses et nos rires était partie voir ailleurs. Autres gens. Autres voyages.

Voilà que j’avais le cœur gros. Ridicule. Se ressaisir. Et s’étonner.

Et bien oui, s’étonner. Je suis une grande communicante. Facebook, Twitter n’ont plus de secrets pour moi. J’ai deux blogs où je cause. L’un pour une affaire sérieuse. L’autre pour mes humeurs de passage. Mes e-mails s’accumulent. Bref, je peux parler à qui je veux quand je veux, dans le monde entier, oui Madame.

Et puis, côté guinguette, j’avais déjà de l’expérience. « Chez Gégène » à Nogent, avec une bande d’écrivalleurs comme moi. On en avait joué plus d’une fête. Mais là…….

Ce qui désarçonne la femme, c’est la surprise.

Et la première fois…..

J’y suis venue, comme ça, pour voir, sans conviction, sans avis, sans envie. C’était un samedi soir de début juillet où le temps était grimaud. L’orchestre, lui, était en retard. Et la chanteuse faisait ce qu’elle pouvait pour combler le vide. Quelques tables éparses, et un verre gratuit aimablement offert.

Puis la chanteuse a chanté. Elle a même causé. Je me demande d’ailleurs si elle n’a pas plus causé que chanté. Après, je ne sais plus bien. Pourquoi elle est venue me chercher. Pourquoi elle m’a mise au défi. Pourquoi j’ai pris le micro près de la scène et que j’ai chanté « La vie en rose ». C’est pas mon genre de me donner en spectacle. Mais faut croire que j’en avais envie et que j’ai pas censuré.

Voilà qui en a surpris plus d’un. Oui, je chante dans la chorale de l’église. Mais je chante aussi plein d’autres trucs. Chez moi, d’ailleurs, je chante tout le temps. Histoire de ne pas déchanter. Alors, vous pensez, j’avais l’entraînement.

Après j’ai dansouillé. Parce que là aussi je suis une sauvage. J’assiste à un bal par an. Celui de la Saint Jean de Lormaye. Parce qu’on y brûle l’arbre de l’été. Parce que je suis intimement convaincue que Louise et Auguste, mes grands parents se sont rencontrés là. Un pélé, en quelque sorte…

Une fois la fête finie, on nous a prévenus que ce serait tous les dimanches de 5 à 7, dans le square "darriè r" l’église. J’ai pris bonne note.

Et je suis venue. Tous les dimanches de 5 à 7 "darriè'r" l’église. Si, si, vous lisez bien, je n'en ai pas manqué une. Tout au long de ces deux mois d'été.

Au début, les danseurs étaient un peu timides. Mais ce n’était qu’au début car très vite la piste s’est remplie. Et puis, moi, je ne sais pas résister. Je vendrais mes chaussures pour danser. Le son d’un cha-cha-cha ou d’un twist me tourneboule et je perds raison. Alors seuls mes pieds me servent de guide.

C’est simple, j’aime tout danser. La valse (là faut pas me rater), le paso, le tango, la rumba, la biguine, et je suis…….. la reine du madison et Miss Twist 1965 (d’accord, ça date mais ça se perd pas).

J’ai du en surprendre plus d’un. Mais plus d’un m’a surprise aussi.

J’ai immédiatement repéré le meilleur valseur (j’ai des antennes pour ça). Et puis, c’est joli à regarder. Ces corps qui se mêlent au son de la musique. Enfin pour certains c’était moins joli que pour d’autres. Mais pas grave. Ils étaient heureux !

Oui, vous me lisez bien « ils étaient heureux ». Et le bonheur, ça n’a pas de prix. Comme la guinguette d’ailleurs avec le petit verre gratuit.

Alors ils sont venus. Un peu de partout. De plus loin. De tous les âges aussi. Du plus tendre au moins tendre. Si bien qu’à la fin, on était si nombreux que les organisateurs de cette fabuleuse initiative ont du annoncer qu’ils remettraient ça une fois par mois quand la bise serait venue.

Alors j’ai compris. Oui, j’ai Twitter, Facebook, deux blogs j’en passe et des meilleurs. Mais je ne vois pas la joie sur les visages. Je ne sens pas le bonheur à fleur de peau. Je n’ai pas la tête qui tourne quand mon cavalier valse trop fort. Et les genoux qui souffrent après quelques twists effrénés.

Rien ne la remplacera cette joie pure. Celle de voir les autres heureux et de l'être avec eux. Je l’écris comme je le pense, Internet, c’est sûr, c'est bien mais c’est pas demain qu’il nous donnera tout ça.

Liliane Langellier

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