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Billet de blog 19 décembre 2013

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Affaire Seznec : Comme cadeau de Noël : une chape de plomb !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je connaissais mal l'une des hypothèses de la disparition de Pierre Quéméner : la piste dite "Au Tambour".

Un café qui se situait au 113, avenue de la Bourdonnais, juste en face du parc des expositions du Champ de Mars. Où les stocks américains attirèrent de 1919 à 1922 de nombreux amateurs... Dont Guillaume Seznec...

Il est bien normal, qu'entre deux tractations, les vendeurs ou les acheteurs aillent s'en jeter un petit derrière la cravate dans le dit café.

Pour rappel : Ce parc des stocks américains ferme le 23 février 1922.

Et l'affaire Seznec se déroule dans le week-end du 25/26 et 27 mai 1923.

Il y a donc belle lurette que les cadillacs ne sont plus des valeurs sûres côtées en bourse. Même dans les réseaux parallèles.

Donc, me voilà, plongée dans le livre de Claude Bal, pour l'histoire officielle "jeune, beau et brillant journaliste de Paris Match en 1954", pour l'histoire officieuse "alcoolique patenté, grand jemenfoutiste devant l'Eternel, et ne méritant pas le titre de journaliste". Car un vrai journaliste vérifie ses sources. Il ne se contente pas de recopier le livre d'un juge de paix pas très net (Le juge Hervé : "Justice pour Seznec" paru en 1933). Parce qu'un jour ou l'autre...

Et ce jour ou l'autre, et  bien c'est aujourd'hui !

Je continue dans l'ordre mes deux dernières journées (mardi et mercredi). Je publie d'abord un article (plutôt rigolard) sur Berthe Rallu, la tenancière du café "Au Tambour". Que tout le monde décrit avec délectation comme une chaudasse. Voire une mère maquerelle.

Dans l'attaque de mon article, je ne manque tout de même pas de remarquer que le gars Guillaume - que je soutiens contre vents et marées - là, il s'est un peu moqué. Il ne se souvient de l'adresse du café "Au Tambour" où Gherdi (L'Américain ?) se tenait régulièrement que deux ans après son arrestation. Soit dans une lettre à son épouse datée du 16 août 1925. Alors qu'il est à Saint-Martin-de-Ré (et qu'il ne quittera la France pour le bagne de Cayenne que le 7 avril 1927).

La pauvre Marie-Jeanne se démène comme une malade pour sauver son homme (je lui rends hommage ici car les femmes de bagnards obtenaient d'office le divorce, qu'elle a refusé, reprenant juste son nom de jeune fille "Marc" pour ne plus, elle et ses enfants, être en but aux injures), donc la pauvre Marie-Jeanne introduit une demande de révision car on a enfin retrouvé Gherdi, vendeur de pièces détachées rue Brochant.

Ici, je me pose deux minutes pour rappeler à Denis Seznec qui nous brame dans sa dernière circulaire que "tous les medias sont chloroformés", que ce sont les dits medias (Le Petit Parisien et Le Matin) qui annoncent cette découverte avant même que le dossier ne soit déposé à la justice.

La question qui m'est venue immédiatement à l'esprit : si Guillaume était encore sur le sol français, et s'il se souvient - un peu tardivement certes - de l'adresse du foutu rade, pourquoi les zélés policiers du 11 rue des Saussaies (La Sûreté Générale) ne sont-ils pas allés l'interroger illico ? Oui, je demande...

Mais revenons à notre Claude Bal. Avant la mort de Guillaume, il lui fait signer une autorisation pour demander révision de son procès. Guillaume est mort ce foutu hiver 1954 (le 13 février très exactement). Et le livre de notre journaleux va être édité à l'automne 1955.

Me voilà donc, pour une fois, essayant de faire un peu rigoler mes lecteurs sur mon blog avec les frasques de la dite Berthe.

Le lendemain, prise de remords, je me dis qu'il faut quand même donner une version intelligente de la piste de Claude Bal. Et je puise pour cela tous mes renseignements chez Maître Denis Langlois. Là, c'est du solide. Et on n'est ni dans le pathos, ni dans le baratin.

Hier soir, je me dis "Côté Claude Bal" : mission accomplie.

Comme je suis à l'affût de tout ce qui concerne cette affaire, j'avais bien remarqué l'étrange attitude des modérateurs d'un blog affilié au petit-fils, genre "l'affaire Seznec ne nous intéresse plus". J'avais remarqué aussi la castagne verbale entre l'un d'entre eux et un intervenant. Mais cela ne m'avait pas émue plus que de coutume. Sauf que...

Sauf que, ce matin, dans ma tournée blogs et forums, je suis tombée sur ça : "Hervé, Bal et Denis Seznec lustrent le zinc et... le lecteur trinque !"

Et que j'en suis même tombée à la renverse.

Parce qu'il faut vous dire que lorsque Claude Bal a introduit sa demande en révision, il y a eu enquête. Et qu'un certain commissaire divisionnaire René Camard a été désigné pour la dite enquête. On appelle ça "le rapport Camard". Non, moi, je ne l'ai jamais lu. Mais d'après le blog "L'affaire Seznec revisitée", eux, ils l'ont lu. Et bien lu.

Alors quoi ?

Les archives s'ouvrent de plus en plus. On va peut-être enfin connaître la véritable histoire de l'affaire Seznec, et voilà que Denis Seznec nous offre comme cadeau de Noël une chape de plomb.

Un peu lourd à accepter, non ? Sans compter que pour accrocher les décorations de Noël, une chape de plomb c'est pas choukrane !

Liliane Langellier

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