J'adore les salles de départ des aéroports
lorsque allégée de mes valises mes boulets
je me retrouve dans l'espace suspendu du temps
il n'a plus de mesure et décline doucement
je m'abandonne au rythme ralenti de l'attente
ni désir ni envie ni regret ni projet
juste le moment à l'état pur et protégé
inconnue je suis et rien à produire prouver dire
là sans combat je peux m'abandonner
à travers la baie je vois le lent déplacement
des avions tels des albatros de métal indolents
autour de moi les autres dans la même communion
les positions alanguies et les yeux rêveurs absents
on est tout soi-même car il n'y a plus rien
plus de monde extérieur
et la vie peut passer
elle ne m'atteint pas.