Le premier ministre israélien a été très critiqué en Israël pour son exploitation flagrante du meurtre de cinq membres d'une même famille (dont 3 enfants) à Itamar près de Nablus (implantation israélienne).
De plus la demande qu'il a faite au président Mahmoud Abbas d'apparaître personnellement sur les chaînes de télévision pour condamner la tuerie apparaît particulièrement mal-venue.
Mahmoud Abbas s'étant exprimé à ce sujet longuement aussitôt après les faits.
Personne ne sait qui a commis ces crimes et certainement personne ne sait si le tueur a des liens avec Abbas. Netanyahu n'a jamais condamné ou même exprimé le moindre remord pour la mort de plus de 300 enfants palestiniens par les Forces de Défense Israélienne durant la guerre de Gaza. (en fait, les morts de plusieurs centaines d'enfants palestiniens durant les dix dernières années n'ont jamais été condamnées ou regrettées par aucun dirigeant israélien).
Ce n'est pas nouveau. Ce qui est nouveau c'est la décision d'Israël de dénoncer ainsi publiquement l'Autorité Palestinienne (et pas seulement le Hamas) qui était jusqu'à présent considéré comme un partenaire.
Ce changement est apparu évident récemment quand l'AIPAC (lobby juif tout puissant aux USA soutenant Israël) a commencé à attaquer Abbas et l'Autorité Palestinienne les qualifiant d'ennemis d'Israël.
Pourquoi cette manoeuvre ??
Tout d'abord :
Quel est le rôle de l'AIPAC ?
Il reflète la position du gouvernement Netanyahu
Il prévient par avance des positions qui vont être prises par le congrès américain
Il fournit un indicateur fiable des décisions futures de l'administration OBAMA, qui elle-même subie l'influence de l'AIPAC et de Dennis Ross, ancien directeur de l'Institut de Washington (lié à l'AIPAC) pour l'étude de la politique au Moyen-Orient et qui est maintenant le conseiller principal du président américain dans ce domaine.
Comme tous les ans, L'AIPAC prépare sa conférence annuelle qui aura lieu du 22 au 24 Mai. C'est un événement énorme auquel assistent la plupart des membres du congrès et du parlement américains, le premier ministre d'Israël et le Président ou le Vice-Président américain. De plus des milliers de délégués de tous les états américains et des candidats au congrès qui récolte de l'argent pour leurs campagnes durant cet événement. Cette année, les candidats pour la présidence, leaders républicains, seront aussi présents. Tous afin d'obtenir le soutien de l'AIPAC vont jurer leur loyauté aux causes soutenus par cet organisme.
Ces dernières années, le principal message de l'AIPAC a été sur l'Iran et des dangers que représentaient son programme nucléaire. Nombre d'intervenants, inclus Benyamin Netanyahu, lors de conférence organisée par l'AIPAC ont parlé de l'Holocauste en évoquant l'arme nucléaire iranienne, préparant ainsi le terrain pour renforcer les sanctions et laissé ouverte la possibilité d'une intervention militaire, si ces sanctions ne sont pas suffisantes.
(A noter que la plupart des propositions de loi des sanctions faites par le Congrès et signées par le Président émanaient de l'AIPAC).
Mais cette année, l'Iran a des concurrents de taille, les révolutions démocratiques qui s'étendent dans les pays arabes. Pour l'AIPAC et Netanyahu, elles transforment l'année 2011 en un horrible cauchemar . Et l'année est loin d'être terminée.
L''un des thèmes favoris de la conférence annuelle était jusqu'à présent qu'Israël n'avait pas de partenaire pour négocier. La révélation des « Papiers Palestiniens » a démontré le contraire ; Abbas et Fayyad disant rarement non au gouvernement israélien. Ce thème est donc un "peu dépassé".
D'un autre côté, craignant certainement une exposition populaire (qui semble probable), l'Autorité Palestinienne a montré récemment des signes de « virage »,. Ainsi, elle a refusé, malgré la demande du président américain et de l'AIPAC, de retirer sa demande de résolution condamnant la colonisation israélienne, obligeant les USA à utiliser le veto. Elle a également refusé de continuer les négociations avec les Israéliens tant que ceux-ci continueront à voler les terres palestiniennes. Et le plus dérangeant pour Netanyahu et consorts, elle a annoncé qu'elle allait mettre en place un état palestinien unilatéralement cet été.
Tous les européens ont tous soutenus la résolution palestinienne à l'ONU et se déclarent écoeurés et fatigués de l'attitude intransigeante de Netanyahu, même l'Allemagne (reporté par Haaretz.com, site d'infos israéliens).
Lorsque Netanyahu a dit à la chancelière allemande Merkel combien il était déçu du vote allemand, celle-ci était furieuse et lui a répondu : « Comment osez-vous parlez ainsi ! C'est vous qui nous avez déçus. Vous n'avez fait aucun pas vers la paix ».
Ebranlé, Netanyahu a fait savoir immédiatement qu'il allait présenter un plan lui-même pour mettre fin au conflit. Il va s'appuyer sur le quartet composé de l'ONU, les USA, l'Union Européenne et la Russie. La pierre d'achoppement (sur laquelle compte Netanyahu) qui devrait permettre au gouvernement israélien de maintenir la situation en l'état est la suivente :
Le ministre des affaires étrangères britanniques a déjà fait savoir que ce plan devait avant tout considérer les frontières territoriales d'avant 67. Ce que ne veut pas Israël qui compte offrir aux Palestiniens, à la place, un état dans des frontières temporaires et un gel partiel des colonisations. (aucun gel sur Jésuralem Est).
Sachant que l'Autorité Palestinienne ne pourra accepter une telle offre, présumant que dans le « quartet », les USA soutiendront Israël, toute initiative sera donc bloquée et Netanyahu pourra encore une fois maintenir le statu quo. Tactique qui a marché jusqu'à présent.
D'où la nouvelle approche de l'AIPAC qui consiste à discréditer l' Autorité Palestinienne.
La situation actuelle est très, très préoccupante :
Les européens, l'ONU et clairement le monde entier sauf les USA ont peur que l'Autorité Palestinienne soit sur le point de s'écrouler et avec elle tout espoir d'un processus de paix.
Reprendre les négociations est nécessaire mais demande l'arrêt de la colonisation israélienne qui au contraire se poursuit.
L' Autorité Palestinienne est perçue maintenant comme laquais d'Israël et ne va pas survivre longtemps.
Personne n'a confiance dans les soit-disant bonnes intentions de Netanyahu et son gouvernement.
Le gouvernement israélien veut faire reposer toute la responsabilité d'un nouveau retard sur l'Autorité Palestinienne, car sa grande inquiétude est que celle-ci continue avec son plan de déclaration unilatérale d'un état palestinien cet été, en fait le seul plan depuis des années qui a une date d'exécution précise.
Bloquer cela est maintenant la priorité de Netanyahu.
Le gouvernement israélien à l'aide de l'AIPAC va manoeuvrer encore une fois pour maintenir ce mortel statue quo. Et comme chaque fois, cette stratégie sera aux torts des Palestiniens et des USA.
David Ben-Gourion quant à lui dirait aux Palestiniens que gagner son indépendance exige souvent d'agir seul.
http://english.aljazeera.net/indepth/opinion
Hareetz.com