"Moi, Abraham"

"Il n'y avait pas de preuves. Il n'y en aurait jamais et convaincre était illusoire. Tout est question de perception, d'interprétation. Pour conjurer l'angoisse qui habitait le fond de son coeur, l'être humain devait trouver un sens caché à tous les éléments de sa vie. La superstition était la manifestation la plus patente de cette recherche permanente. L'éloignement du but était le principal moteur du fait religieux. Il faudrait fixer un objectif inaccessible, une asymptote de la foi en quelque sorte : une ligne qui peut être approchée, mais jamais atteinte, encore moins franchie. Là était le secret. La finalité de la vie ne pouvait être atteinte ici-bas, et il fallait s'appuyer sur le fait que toute existence était une expérience incompréhensible pour la plupart des gens."

Moi, Abraham

Éric Nataf

ed. Odile Jacob