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Billet de blog 21 février 2012

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GUEANT L'IGNORANT ??

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J'ai lu Edwy Plenel «Guéant le barbare » et suivi les commentaires. Je n'ai pas lu, peut-être à tort, le discours complet de Guéant, ni l'intervention complète de Serge Letchimy. Les mots de Guéant qui font polémiques ainsi que ceux de Letchimy ont atteints les buts pour lesquels ils ont été prononcés. De même ceux de Plenel pour des raisons bien différentes mais tout aussi valables.

La définition du mot civilisation m'a tout à coup posé problème. Et j'ai oscillé d'un commentaire à l'autre. L'explication du 11 février d'Olivier Montulet est, me semble-t-il, incontournable.

«il n’existe pas de société aboutie mais des sociétés historiques en des lieux donnés qui sont en perpétuelle mutation dynamique.
Il n’y a dès lors pas de société meilleure que d’autres, elles sont des faits et sont légitimes puisqu’elles agrègent les individus qui les composent. » 

c'est la définition par excellence, « au bistouri ». Rien à retrancher, rien à ajouter.

« ….en état de droit, la question de la prévention. La prévention ne peut condamner mais doit encadrer. C'est-à-dire mettre en place des dispositifs qui limitent les risques que des actes non souhaités ne soient commis. Ainsi le principe de précaution est un principe excellent s’il se limite à s’assurer que des dispositifs de sécurité sont bien mis en place pour le cas improbable (non prévisible avec certitude) où un effet (acte) non désirable serait produit. Dans le cas où le principe de précaution devient un outil pour interdire anticipativement (a priori) toute action dont on ne serait pas certain qu’elle ne présente pas de risque on sortirait du cadre de l’état de droit. »

C'est notre prévention que de ne pas laisser passer ce qui semble présenter un risque. (d'où les réactions Letchimy, Plenel, fxavier, Béatrice3, Jamesinparis, pgatey, etc)

«Toutes les cultures - sociétés - civilisation n'adhèrent pas aux valeurs occidentales  de liberté, égalité, justice (au sens occidental), c'est évident mais leur choix de valeur n'est pas moins légitime, ni mieux ou moins bien que le choix de valeurs occidental et personne ne peut en juger. Je peux juste dire que j'adhère oui ou non à leur système de valeurs ». 

Comment sommes nous arrivés à « nos » valeurs occidentales et à ce que nous croyons qu'elles représentent ??

Tout d'abord, il nous faut remettre les pendules à l'heure et j'ai trouvé pour cela l'aide d'un auteur australien, archéologiste, qui a travaillé sur des sites de restauration en Afghanistan, Iran, Jordanie, entre autres. Il a notamment reçu en 2000 le prix James Henry Breasted History pour son livre  : « Rome in the East : The transformation of an Empire ».

(Le livre en question :OUT OF ARIABIA de Warwick Ball – Olive Branch Press - 2010

Volume 1 « Asia in Europe and the making of the West – Phoenicians, Arabs and the Discovery of Europe »)

Chaque culture appréhende l'histoire par rapport à elle-même. Ainsi, il n'est pas surprenant que depuis le 19e siècle, notre vision ait été eurocentrique. Cette vision a été accentuée car nombre de nations puissantes sont ancrées dans la culture dite européenne.

Ainsi l'idée de l'Ouest et celle d'être occidentale est devenue un stéréotype et un emballage grossier d'un amalgane complexe de différentes cultures.

Notre vision actuelle de l'Occident ne doit pas nous faire oublier deux considérations de poids :

La première est la diffusion, l'interpénétration des peuples orientaux en Europe.

La seconde est que notre civilisation est également asiatique.

Refuser de considérer que les Arabes, les Turcs – ou pour remonter aux origines les Phéniciens, les Scythiens, les Perses, les Juifs, les Huns et les Mongols – ne font pas partie de l'Europe au même titre que les Grecs, les Romains, les Normands, les Slaves n'est pas seulement refuser une évidence mais renier une partie des plus grands achèvements et développements de notre civilisation.

Ces Phéniciens, Perses, Arabes, Turcs et Mongols font partie de l'histoire occidentale mais également asiatique. Les invasions turques et arabes n'étaient pas plus des attaques sur l'Europe que les invasions romaines ou normandes l'ont été.

L'histoire arabe est souvent vue comme débutant avec l'Islam. Mais cette histoire remonte à des milliers d'années, bien avant l'avènement de l'Islam. Cette histoire est intimement liée à l'histoire et l'identité européennes. C'est l'une des raisons qui fait que l'islam s'est répandue tout d'abord vers l'ouest.

On peut se demander qui a découvert réellement l'Amérique : les Vikings, les Italiens, les Espagnols, les Portugais, les Irlandais, les Egyptiens ou les Chinois ! Cette question est irrevelante quand nous nous demandons : qui a découvert l'Europe ? Les peuples arabes et du Moyen-Orient ont pénétré en premier en Europe, y sont restés le plus longtemps et ont conquis et colonisés des parties de l'Europe bien avant que celle-ci ne le fasse sur d'autres territoires.

Les vaisseaux phéniciens et arabes ont parcouru la Méditerranée, colonisés des parties de l'Espagne et de l'Afrique, se sont aventurés dans l'Atlantique, la Manche dès le premier millènaire avant JC. La plupart du Moyen-Orient a fait partie du monde européen pendant au moins un millénaire : conquête par les Macédoniens et les Romains.

Origine des Phéniciens :

Leur pays d'origine est le littoral du Levant (Liban actuel, partie de la Syrie et d'Israël), et ils se confondent avec ceux qui deviendront les arabes. Compte tenu de cette situation, leur expansion naturelle s'est faite par la mer, donc vers l'ouest. Ils ont acquis une technologie maritime de pointe et une suprématie qui ont duré pendant des milliers d'années. La flotte maritime phénicienne a été la première au monde. Ils sont à l'origine de nombreuses inventions en matière de science maritime, en astronomie et cartographie de navigation. (Ptolémé reconnaît avoir établi ses cartographies à partir de celles des Phéniciens). Cette science de la cartographie et de la navigation est restée l'apanage des Phéniciens jusqu'au Moyen-Age.

En bref, ce peuple a été le premier grand empire de l'histoire et a colonisé la plupart des côtes méditerranéennes et certaines de l'Atlantique à une période où nous étions en tant que civilisation européenne au niveau de l'Amérique lorsqu'elle a été découverte par Christophe Colomb.

(L'auteur précise bien qu 'il ne met pas par là en doute ou en comparaison les achèvements et développements des civilisations nord ou sud américaines et il ne désire pas non plus mésestimer les achèvements de la préhistoire européenne notamment les cultures mégalitiques, pour ne citer que cela, qui sont impressionnantes, de même que l'ancienne Egypte. Son but est de présenter une autre perspective.)

L'empire colonial de Tyre (« capitale » phénicienne) s'est étendu en Afrique (Maroc, Sénégal, Cameroun) pour l'importation d'ivoire, d'or et de peaux. La culmination de cet empire est située aux environs de 455 av.JC.

La demande insatiable des commerçants phéniciens pour les matériaux bruts a eu pour résultat le commencement d'expéditions le long des côtes du Portugal, de la Grande-Bretagne et certainement Cornwall, les îles Scilly, l'Irlande et les Açores. Ainsi donc la première moitié du millènaire av.JC a été le témoin de l'installation permanente des populations du Proche-Orient par la voie maritime dans ce qui pouvait être considéré le « Far West ».

De ce fait l'expansion des Arabes et de l'Islam n'avait rien d'un commencement mais plutôt d'une apogée et ne peut être comprise que dans le contexte de l'histoire des Phéniciens.

Ainsi comme l'Atlantique allait devenir la voie maritime de l'Europe de l'Ouest et les Amériques nos nouveaux mondes, le précédent d'un tel mouvement a existé des milliers d'années avant pour les Phéniciens découvrant les nouveaux monde qu'étaient l'Europe et l'Afrique par la Méditerranée.

Les Arabes au « Far West »

Comme dit plus haut, la pénétration et la colonisation de l'Europe a une très longue histoire, et bien plus longue que la colonisation de l'Orient par l'Europe.

La défaite de Carthage par les Romains et la destruction de son empire n'a pas arrêté l'expansion orientale en Europe. Bien au contraire, l'unification du monde méditerranéen sous l'empire romain a rapproché les communautés moyen-orientales et européennes : la Diaspora Juive par exemple qui a commencé bien avant la destruction de Jérusalem par Titus en 66 ; les monuments de Rome élaborés par des architectes syriens.... Le flot des peuples du Proche-Orient ne s'est pas tari mais à continuer un processus commencé depuis des milliers d'années.

Tout cela bien sûr est une réduction du développement qui se base sur des preuves archéologiques irréfutables bien qu'incomplètes. Pour en venir à notre cher pays :

Des communautés de marchands syriens ont été enregistrées à Lyon, Grenoble, Arles, Marseille, Narbonne, Bordeaux entre autres. Elles sont devenues très influentes après l'adoption de la Chrétienté en encourageant les formes orientales monastiques et l'adoption de la croix comme symbole. Au 5e siècle, un évêque de Paris était syrien. L'araméen était encore parlé au 5e et 6e siècles à Orléans et à Narbonne. Après l'invasion musulmane et durant plusieurs siècles six papes au moins étaient d'origine syrienne. L'un d'eux, Sergius I (687-701) a été l'un des principaux protagonistes à introduire des éléments de la liturgie syrienne et de la croyance chrétienne dans l'Eglise de Rome.

L'origine du Christianisme est sans contestation le Proche-Orient. Elle est vue avant tout par ses racines judaïques. Mais les anciennes religions arabes payennes ont trouvé leur place dans cette construction. Et surtout la civilisation arabe a été instrumentale dans la transmission et la diffusion de cette étrange religion orientale (ainsi que d'autres valeurs, connaissances et domaines) vers l'Ouest si différent. Le « succès » a été tel que l'Europe et l'Ouest ont été définis en terme de civilisations chrétiennes pour ensuite s'opposer à l'Islam. Le Pape Pius II a défini l'Europe en tant que forteresse chrétienne contre l'Islam et plus particulièrement les Turcs.

A ce jour, ce serait une erreur grave de confondre pays chrétiens et pays européens. (voir Arménie, Georgia, Azerbaijan ou Turquie et pourquoi certains pour nous sont acceptés européens ou non!).

Une acceptation territoriale et trop limitée réside dans le terme d' « Occident chrétien ». Mais cela ne tient pas compte de l'existence de la religion chrétienne orthodoxe, née après le Grand Schisme d'Orient en 1054. Cette expression utilisée en fait par une pensée ou par certains mouvements d'extrême-droite, est rejetée par l'Eglise catholique elle-même, née au Moyen-Orient et qui se veut, par définition universelle.

La Chrétienté maintenant fait partie de l'Europe et semble un fait acquis et nous oublions d'apprécier combien révolutionnaire a pu être cette adoption par les peuples européens (sans entrer dans d'autres domaines comme la culture, la musique, les coutumes....). Bien plus révolutionnaire que le communisme par exemple qui avait des racines dans les mouvements politiques et philosophiques européens. La Chrétienté dans l'Antiquité était complètement étrangère à l'esprit occidental.

La transition de l'Europe païenne au Christianisme, et la question de savoir comment une telle idée a pu s'implanter dans un sol aussi infertile au point de devenir l'une des définitions fondamentales de l'identité européenne est une question d'importance historique primordiale afin de comprendre le développement de notre civilisation.

Ceci n'est bien sûr qu'une partie de l'histoire de notre civilisation, et la démonstration de la dynamique en marche - donc pas d'aboutissement - peut se continuer jusqu'à ce présent, futur passé.

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