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Billet de blog 26 mai 2011

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A ma sœur en souffrance

Accepte moi comme une sœur, bien que je ne le mérite certainement pas.

Je pense à toi, je pleure pour toi et mon esprit est déchiré, meurtri, révolté.

Je pense à toi et je pense à ta fille. Elle a quinze ans. Comment est-elle, comment s'appelle-t-elle ?

Je pense à toi et à ton père qui te berçait et te chantait, avec d'autres mots, cette merveilleuse chanson de Nougaro : Ma fille, que toujours on te touche comme moi maintenant, comme mon souffle sur tes cils, ton baiser sur ta bouche dans ton sommeil d'enfant, Ma fille.

Je pense à ta mère qui tressait tes cheveux et riait avec toi comme seules savent rire les mamans noires avec leurs enfants : de tout cœur, de toute âme, d'un abandon complet au bonheur du moment. Tout n'était et tout n'a pas été « rose », mais tes parents t'aiment et souffrent aussi.

J'ai honte de ce que l'on t'a fait et de ce que l'on va te faire. J'ai bien essayé dans ma vie de redresser un peu les choses, mais cela n'est pas suffisant. Je ne sais plus maintenant, et parfois j'ai peur. Peut-être qu'avec l'âge on devient moins résistante, on renonce. C'est peut-être le commencement de notre mort. L 'énergie diminue et on s'éteint.

Je pleure en pensant à tes espoirs, à ta fierté de ce travail dans un tel établissement avec des responsabilités importantes pour le maintien de la réputation de cet hôtel de luxe. Si tu as été embauchée c'est que tu le méritais et que tu étais qualifiée. On n'embauche pas quelqu'un qui n'est pas à la hauteur pour entretenir des suites à 3,000 dollars la nuit. Et toi quel était ton salaire ? Tu croisais tous ces hommes qui se disent importants et qui, par un regard, te disait que tu étais belle. Et cette sensation te donnait confiance dans la vie.

Depuis trois ans, tu travaillais et étais heureuse de ce travail et tu pouvais penser à l'avenir de ta fille en souriant. Elle a quinze ans, tu l'aiderais et la vie serait plus facile pour elle. Maintenant tu avais une bonne couverture maladie et cotisais pour ta future retraite et tes angoisses s'étaient apaisées. Tu aimais tes collègues et tes collègues t'aimaient et te considéraient.

Tu avais certainement un ami merveilleux et gentil avec qui tu envisageais un futur partagé.

Mais non voilà, il a fallu que tu rencontres ce monstre. Et je ne parle pas de cet homme qui t'a forcée sexuellement et s'est permis de disposer de toi. Il n'a aucune importance, il n'est qu'un pauvre humain sans honneur, sans fierté. Il est juste une représentation de notre dysfonctionnement.

C'est un monstre bien plus terrible que tu as rencontré et qui va détruire ta vie, celle de ta fille, celle de tes proches. Ce monstre va anéantir tous tes espoirs, tous tes rêves. C'est un rouleau compresseur et il s'est mis en route sur ton chemin et va tout écraser. Tu resteras vivante mais tu ne vivras plus. Le monstre, c'est notre triste humanité.

Mon amie, ma sœur, pardon. Pardon car nous ne sommes pas capables de faire une humanité où chacun a le droit d'avoir un futur, des rêves, une sécurité, le respect, la considération.

Mon amie, ma sœur, pardon.

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