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Billet de blog 25 août 2013

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M. Pracontal ou la théorie du choc à Fukushima (à propos de l’article « cette crise que le monde voudrait oublier »)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Réaction à l'article :

http://www.mediapart.fr/journal/international/230813/fukushima-cette-crise-que-le-monde-voudrait-oublier

Au risque de décevoir tous les anti-nucléaires, majoritaires dans ces commentaires, (heureusement que le respect mutuel et la liberté d’expression existe sur Médiapart),

je pense que cet article est trompeur. Mal informé ou plus probablement idéologique.

On oublie un peu vite de rappeler les impacts réels : Fukushima a seulement doublé la (déjà faible) radioactivité "naturelle" de 3 km3 d'océan...!

ou l'a seulement augmenté de 2% sur les 200 km2 de la zone de pêche interdite !

Voir donc ici l'article de l'AEPN remettant en perspective la situation (ceci semble bien trop rare dans les médias) : http://aepn.blogspot.fr/2013/08/quelle-contamination-de-locean.html

Ces analyses sont écrites non pas par un lobby manipulateur, mais par des citoyens bénévoles qui cherchent à penser librement et honnêtement.

Peut-on informer justement sans être taxé de déni ? Peut-on raisonner sans être traité de nucléocrate ?

Pour être honnête, il faudrait hiérarchiser les périls, informer sur les solutions réellement accessibles et les délais d'intervention réalistes évitant d'affecter les travailleurs.

Nul doute que l’action TEPCO et du gouvernement est perfectible. Mais tout accident entraine des difficultés, longues à résorber.

Les observateurs commentent pendant que les acteurs agissent courageusement, comme ils le peuvent techniquement, en privilégiant des expositions humaines limitées localement.

C'est bien sur toujours trop de pollution et chaque accident est à combattre vigoureusement. Aucune compromission n'est possible avec des industriels cupides et souvent menteurs.

Mais pourquoi jouer seulement les inspecteurs des travaux finis ? Pourquoi s'interroger sur une soi-disant inaction alors que la situation s’explique par la complexité de l’installation et le rapport réel entre nocivité et de sincères enjeux environnementaux, financiers et politiques pour le pays.

A l'échelle de la planète c'est un peu comme un accident de voiture, où l'huile et l'essence coulent dans l'égout avant l'évacuation du véhicule, menançant d'intoxiquer les voisins : doit-il engendrer le rétablissement généralisé du cheval ? faire la une tous les jours (théorie du choc bien connue) en masquant les vrai enjeux des fossiles ?

Le pétrole, le gaz et le charbon s'écoulent chaque jour 1 000 fois plus gravement dans notre air et nos eaux. On prend soin de l'oublier par ignorance, démagogie ou idéologie.

Ils acidifient quotidiennement l’océan, affectent gravement des millions d'humains et menacent le climat, altèrent les politiques sociales et de développement, suscitent des guerres comme au proche et moyen orient, ce qui est bien plus délétère.

            On pourrait doubler le budget du ministère Santé et affaire sociale en résorbant une partie de notre déficit fossile…

Le vrai héroïsme n’est pas la dénonciation outrancière de certains accidents, démultipliant leur nocivité par le stress induit, mais de les contextualiser. Et soutenir avec pédagogie les meilleures solutions partielles, même imparfaites comme le nucléaire, l'hydroélectricité ou autres énergies renouvelables les plus soutenables.

On fait rêver en prétendant que le nucléaire peut être remplacé par les autres renouvelables : au risque de décevoir les idéalistes que nous sommes tous : c'est tout à fait faux sans décroissance brutale et plus dangereuse pour la paix civile. Cela doublerait (au moins) notre dette déjà abyssale ou nous ferait régresser vers l’aggravation des impacts déjà gravissimes des fossiles. Certains inventent même des dépenses imaginaires liées au démantèlement ou au stockage, domaines pourtant globalement bien évalués comme le souligne la Cour des Comptes.

Il faut du courage et de la lucidité pour parler vrai ... denrées rares aujourd'hui. La peur paye ou défoule davantage que la sortie du panurgisme.

De plus la radioactivité est souvent caricaturée : elle est très dangereuse à haute dose, au dépassement de 100mSv. Mais très très peu après dilution vu que l'homme est biologiquement conçu pour la cotoyer quotidiennement depuis des millénaires. Et elle diminue en partie spontanément avec le temps.

Rien à voir avec une peste contagieuse qui se répandrait. Ou à des toxiques chimiques qui s'accumulent dans l'environnement.

Alors instruisons à charge et à décharge en évitant le manichéisme, et évitons la manipulation médiatique de la pensée unique.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.