Nilda Fernandez

Abonné·e de Mediapart

34 Billets

0 Édition

Billet de blog 22 janvier 2017

Nilda Fernandez

Abonné·e de Mediapart

Interrogations écrites /1

Nilda Fernandez

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

LA GAMELLE PRESIDENTIELLE

Parce que j'ai mis mon manuscrit définitif entre les mains de l'éditeur, je me sens soulagé. Trois cents pages à paraître en février qui auront occupé deux années de ma vie : le minimum pour ne pas trop se vautrer dans les platitudes du "Je" autobiographié.

Pour ma convalescence littéraire, je suis revenu à Moscou. J'y resterai un mois et demi, entrecoupé de retours en France pour quelques rendez-vous de concerts. Ce retrait me donne la liberté de penser à mon pays avec la perspective salutaire que donne la distance. Comme sur les tableaux géants des maîtres du Renascimento qui ont nécessité un va et vient permanent du regard, les détails ne valent que s'ils ont un effet d'ensemble. Pour peindre à vingt centimètres de la toile, il faut s'en éloigner.

Ici, j'ai trouvé mes amis russes plutôt désemparés. Ils se sentent revenus au temps du désamour contre leur pays. L'éclaircie n'aura duré qu'une décennie et les voici encore plongés dans la pénombre d'une télévision qui les conditionne à une troisième guerre mondiale, à une déflagration nucléaire provoquée par le méchant loup américain et ses vassaux. Les plus acharnés s'en vont, les autres restent, désenchantés. Et nous, Français désinformés, anesthésiés par le misérable spectacle politique, ballotés au gré des incompétences de ceux qu'on s'est choisi pour parler à notre place, nous ne comprenons rien à ce qui peut nous entraîner plus loin qu'on imagine.

En écoutant ceux qui tournent autour de la gamelle présidentielle, j'en apprends beaucoup sur la maladie dont souffre mon pays. L'un d'entre eux sort du lot, c'est vous. On ne se connaît pas. J'ai assisté à certains de vos meetings, jamais sur l'estrade, toujours parmi ceux qui écoutent. Mais je n'ai brandi aucun drapeau. J'en reste à ce que Flaubert écrivait : "Les drapeaux ont été tellement souillés de sang et de merde qu'il est temps de n'en plus avoir, du tout."

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.