Sauf erreur d'inattention, je ne vous ai pas encore entendu donner votre avis sur l'élection présidentielle aux Etats-Unis. Peut-être n'êtes-vous pas plus fasciné que moi par le cirque électoral qu'on nous inflige tous les quatre ans, comme si nous en étions partie prenante. Peut-être ne voyez-vous pas, dans le choix de Donald, une anomalie plus grande que dans celui d'Hillary, wasp comme lui ("white anglo-american protestant"), partisane d'une confrontation permanente avec le reste du monde, conduisant à une guerre de moins en moins froide avec la Russie. Personnellement, ça ne me déplaît pas que Donald décide de serrer la main de Vladimir, quand on sait qu'Hillary voulait continuer à poser tranquillement des missiles nucléaires autour de Moscou ; ce qui, compte tenu de la susceptibilité des Russes, n'aurait été bon ni pour la paix ni pour le réchauffement de la planète.
Donald ne m'est pas sympathique. Pas plus qu'à vous, je pense. On ne peut pas devenir milliardaire en étant gentil. On a forcément volé cet argent à quelqu'un, quelque part. Il fait tout le temps dans la provoc, il dit tout et son contraire, il ressemble à notre époque de pub et de com à tous les étages, où on se fait élire avec la pire des démagogies. Mais si, comme il l'a dit, il ramène ses troupes à la maison, stoppe la pyromanie au Moyen-Orient et s'occupe des affaires de son pays qui connaît une misère sans précédent, on peut lui dire "Bravo Donald, continue à t'occuper de ce qui te regarde !" Même si on appelle ça "protectionniste" et qu'on dit que c'est mal, on ne voit pas en quoi ça peut déranger que les USA arrêtent de prendre leurs compatriotes pour un peuple élu et veuillent convertir la planète, de force et par les armes, au catéchisme évangélico-démocratico-néo-libéral. Il paraît aussi que Donald ne veut pas du traité de libre-échange avec l'Europe. Et ça ne doit pas vous déplaire puisque je vous ai souvent entendu dire qu'il n'est pas très bon pour nous.
Bref, ce type a tous les défauts mais il n'est pas sûr qu'il soit plus cinglé que sa rivale qui cache mieux son jeu, en digne héritière des politiques paranoïaques, belliqueuses et moralistes dont ses compatriotes ne veulent plus, surtout ceux qui n'en peuvent plus de ne pas être écoutés. Ayons l'honnêteté de reconnaitre qu'avec Hillary, on était sûr que son pays s'armerait encore, taperait du poing, continuerait à intervenir partout au nom de la démocratie et du rôle de l'Amérique gendarme mondial. Donald, par chauvinisme, n'est pas d'accord avec ça. Et il faudra bien qu'il mette en veilleuse ses réflexes racistes et trouve des solutions plus raisonnables qu'élever des murs aux frontières.
En attendant de voir ce qui se passe, cessons d'être américains et essayons d'amener la France, pays dont nous avons le passeport, à mieux se conduire dans le monde, à porter une parole libre, à ne plus choisir son président "par défaut" entre plusieurs incapables.