Hier soir, dans ma chambre d'hôtel, après une journée de travail dans l'Espace Picasso à Martigues, j'ai allumé la télé, ce que je ne fais jamais chez moi puisque je n'en ai pas. Dérivant de chaîne en chaîne, je me suis arrêté sur les extraits d'un film proposé au pays quelques heures plus tôt. Il a pour titre "Un temps de Président" et c'est un documentaire très réussi puisqu'il montre jusqu'à la nausée ce que je sais depuis longtemps (par bon sens mais aussi pour l'avoir frôlé de près) sur l'impuissance à tenir le gouvernail que, par antiphrase resplendissante, on appelle le Pouvoir.
En filmant des marionnettes aux airs faussement graves pour traiter d'affaires vraiment graves dans le décor écrasant d'un castelet trop grand pour elles, en suivant des polichinelles obsédés par leur image et les grenouillages qui, les ayant amenés jusque là, devraient les y maintenir, en cadrant des starlettes cabotines écrivant leurs propres mauvais rôles, leurs sottes répliques, la caméra réussit l'exploit de faire le panégyrique du vide, à la consternation générale et au détriment de ses commanditaires.
Au secours ! A l'aide ! Il n'y a personne dans le cockpit ! Réveillons-nous ! Montrons-nous des enfants perspicaces, prompts à révéler l'imposture de ces roitelets pitoyables qui, se croyant vêtus d'habits somptueux déambulent complètement nus. Eteignons nos écrans lorsqu'ils parlent, brûlons le papier qui les fait exister, ne votons pour personne aux érections de statuettes bancales, de simulacres périmés. Eux dont la lâcheté mise sur celle d'autrui, n'existent que par nos aveuglements volontaires, nos croyances au Père Noël inspirées par la peur de ne plus recevoir de cadeaux.
Et puis, tous ceux qu'on paye de notre poche pour "communiquer" sur la meilleure façon de vendre la lessive politique, ils devraient être sortis de scène - ou plutôt des coulisses. Tout d'abord parce qu'ils sont préjudiciables à notre bonne santé, ensuite parce qu'ils sont nuisibles à ceux-là mêmes qu'ils prétendent servir.