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Billet de blog 25 octobre 2023

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Israël l'occidental

L'occident a soutenu Israël de façon massive, sans se soucier du droit international et des droits du peuple palestinien. L'Europe par son alignement sur la politique israélienne, détruit l'avenir que nous voulons tous en commun.

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Israël l'occidental

Le déluge d'analyses et de prises de positions en faveur d'Israël dans le conflit actuel en Palestine ne trouve aucune limite. La presse, habituellement fans de vérification avant de diffuser une information, n'a plus ce souci dans son traitement du conflit. Les autorités, il faut le dire, ne sont plus enclines à vérifier la justesse de leurs sources, sur lesquelles se construisent leur politique d'action.

Ne voir que la moitié de l'image, c'est-à-dire les seules atrocités attribuées à  Hamas ainsi que les victimes civiles israéliennes, qui nuisent manifestement à la cause palestinienne.  Oublier les morts par milliers parmi les civils palestiniens; dont plus de la moitié sont des enfants et de femmes,  n'a plus l'air de gêner personne; la responsabilité de leur mort incombe aux palestiniens seuls!, surtout pas ceux qui envoient leurs avions bombarder des immeubles et toute une ville comme pour la raser.

Couper l'eau et l'électricité, exiger l'évacuation des hôpitaux  et considérer qu'ils sont avec les lieux de prières musulmans et chrétiens cibles légitimes du bombardements, alors qu'ils sont les seuls lieux où les habitants effrayés espèrent trouver refuge et protection - l'hôpital bénédictin et l'église orthodoxe; une des plus ancienne, en sont les derniers exemples- relèvent plutôt des crimes de guerre prohibés par la loi humanitaire internationale.

Nous avons l'habitude de ces campagnes de bombardements aveugles sous prétexte de terrorisme. J'en cite la destruction de Grozny, la capitale de la Tchétchénie, par l'armée russe. La destruction d'Alep en Syrie; ville historique devenue ruines par la même armée. Celle de Mossoul en Irak, de Rakka en Syrie, avec des centaines de milliers de morts civils tués par les bombardements des armées  alliés des occidentaux; principalement les États-Unis, c'est bien sûr la responsabilité de Daesh, qui avait pris ces villes et ses habitants en otages!

Pour les israéliens, l'histoire du conflit israelo-arabe à démarré le 7 octobre, car c'est la première vraie défaite ressentie en tant que telle, tandis que pour les palestiniens et arabes, l'histoire à commencé il y a plus de 75 ans par le Nakba et les quelques guerres qui ont suivi. Pour les habitants de Gaza, le martyr de la Via Dolorosa a repris sa route il y a 16 ans, à cause du blocus total imposé par l'armée israélienne et par plusieurs campagnes de bombardements qui ont jalonné cette période.

L'occident n'a jamais réagi dans le sens de l'histoire, ni dans celui de la justice ou des lois humanitaires, mais se réveille brutalement le 7 octobre . Il réagit de façon irrationnelle et suivant ses "émotions", et ne condamne que les seuls actes contre les  civils  israéliens,  sans en faire autant pour les victimes palestiniennes.  En réalité, c'est la défaite de la plus puissante armée de la région, -qui n'a pas réussi à stopper l'attaque de Hamas-, qui a bousculé les hommes et femmes politiques européens, et dans leur sillage le monde de l'information et de la média. S'agit-il de la défaite d'Israël ou de l'occident!?. Au vu des réactions, on pencherait plutôt pour la deuxième hypothèse.

Le soutien inconditionnel américain et européen à la guerre que mène Israël en réponse à l'attaque surprise du Hamas ne représente en réalité qu'une punition collective des habitants de Gaza déjà sous siège. Il est bâti sur un imaginaire du terrorisme finement élaboré depuis l'attaque terroriste du 11 septembre.

Dans cet imaginaire collectif; nulle place pour le droit du peuple palestinien qui subit les affres d'un Apartheid qui ne dit pas son nom depuis des dizaines d'années.

L'occident manque de clairvoyance et de raisonnement cartésien. L'Europe ne voit même pas ses propres intérêts au-delà du conflit. Elle se brouille avec les  quelques 400 millions d'arabes qui dénoncent cette guerre, et fait sortir Hamas de sa coquille et son rejet par une grande partie des palestiniens pour une espace et légitimité inespérée. La perception du citoyen arabe, et non seulement le palestinien du Hamas, est très différente de sa perception du Qaida ou Daesh. Il partage avec le monde sa condamnation du terrorisme islamiste, mais refuse l'amalgame occidental entre terrorisme et lutte pour l'indépendance et la nécessité de mettre fin à l'occupation. Les tentatives de diabolisation du Hamas, en l'accusant des  pires atrocités, ne peut justifier aux yeux des palestiniens, les massacres dont ils font l'objet tous les jours; 300 morts civils par jour en moyenne dont 40% sont des enfants. Les attaques des colons et de l'armée israélienne en Cisjordanie avec plusieurs centaines des morts palestiniens dans un territoire où Hamas n'a pas prise, la construction des colonies illégales en territoires occupés ne fait qu'eloigner toute solution politique du conflit.

Cette diabolisation ne vise en réalité qu'à détourner l'opinion internationale et israélienne de la vraie question: pourquoi tout cela est-il arrivé ? Peut-être dans ce cas la réponse sera : l'application des décisions internationales, la levée du blocus de Gaza et la fin à la politique de colonisation.

L'aveuglement occidental actuel rappelle les égarements de la politique française en 2011 lors de l'éclatement du printemps arabe en Tunisie; soutenir les dictatures contre le souffle de la liberté, et même les armer, et se taire devant les atrocités infligées aux démocrates arabes; entre tuerie,  emprisonnement et massacres des civils allant jusqu'à l'utilisation de l'arme chimique; la tragédie syrienne est là pour nous le rappeler. 

L'Europe, par son suivi de la politique de la terre brûlée du premier ministre israélien, brûle en même temps l'avenir de ses relations avec les sociétés arabes modernes qui naîtront un jour. Elle participe même par son suivisme des américains ; à accélérer le processus de sa cristallisation. Et comme la dit Ernest Renan: les nations sont plus les produits des souffrances que des gloires.

Les accords d'Oslo et d'Abraham de normalisation avec plusieurs pays arabes auront du mal à convaincre les peuples de leur mérites.

La politique de deux poids deux mesures de l'Occident, le soutien sans faille à l'Ukraine contre l'agression russe et le soutien en même temps de l'occupation israélienne, coupe le monde de nouveau entre blocs antagonistes. Les frustrations ne font qu'alimenter le terrorisme et provoquer des nouvelles guerres.

L'Europe a-t-elle perdu la raison? J'espère que non, mais l'interdiction des manifestations de soutien aux palestiniens en France et d'autres pays Européens et même la punition des artistes et sportifs solidaires jettent l'effroi sur la démocratie et le droit à l'expression libre. 

Nous devons condamner les actes contre les civils, la force militaire, en s'acharnent contre eux, ne fait qu'approfondir les fissures et rendre la paix impossible.

L'Europe peut elle garder son rôle de flamme de la liberté pour tous les peuples, et condamner de façon égale les actes de terreur ? Elle doit choisir.

Nizar Badran 

Médecin, écrivain 

Actif en médecine humanitaire 

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