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Billet de blog 2 mars 2011

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Cet énième remaniement gouvernemental est un aveu d'échec et d'impuissance

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Le départ de Michèle Alliot Marie et de Brice Hortefeux a été présenté hier soir par le président de la République comme une nécessaire mise en ordre pour faire face à la nouvelle donne internationale de ces trois derniers mois et aux conséquences que les évènements en Tunisie, en Egypte, en Lybie... pourraient avoir sur les flux migratoires et les actes terroristes. La menace lancée sans en avoir l'air est là pour détourner l'attention des scandales des dernières semaines. Elle plane, et servira surtout à faire plaisir à Marine Le Pen dans les sondages.
En réalité, ce remaniement est un aveu d'échec sur de nombreux aspects de la politique présidentielle.

Le départ de Michèle Alliot Marie et de Brice Hortefeux a été présenté par le président de la République comme une nécessaire mise en ordre pour faire face à la nouvelle donne internationale de ces trois derniers mois et aux conséquences que les évènements en Tunisie, en Egypte, en Lybie... pourraient avoir sur les flux migratoires et les actes terroristes. La menace lancée sans en avoir l'air est là pour détourner l'attention des scandales des dernières semaines. Elle plane, et servira surtout à faire plaisir à Marine Le Pen dans les sondages.
En réalité, ce remaniement est un aveu d'échec sur de nombreux aspects de la politique présidentielle.
C'est un aveu d'échec concernant la "République irréprochable" que Nicolas Sarkozy nous promettait en 2007.
La décision de débarquer Michèle Alliot Marie et Brice Hortefeux a été tardive, hésitante, et reflète l'enfermement de la droite dans des pratiques indignes de la République. Quand un ministre de l'Intérieur est condamné pour injures à caractère raciste, quand une ministre passe de luxueuses vacances dans un pays en proie à la révolte, quand pendant quatre ans pas un mois ne passe sans qu'un scandale n'éclate (les conflits d'intérêts de M. Woerth, l'affaire Tapie, Jean Sarkozy et l'Epad, les nominations complaisantes, le financement de l'UMP etc.), que croyez-vous qu'il arrive dans une démocratie qui fonctionne ? En France, on évacue gentiment les personnalités éclaboussées sous la pression des sondages de popularité, comme une grâce au peuple pour éviter un trop gros coup de massue aux élections qui approchent (le 20 mars prochain !).
Notre démocratie mérite mieux sous peine d'abstention et donc de déperissement. En ces temps de crise de confiance du citoyen à l'égard de la politique, le premier engagement de chaque homme ou femme politique doit être de servir, et non pas se servir.
C'est un échec de la politique internationale conduite. Jusqu'ici volontariste pour vendre des avions et omniprésent pour résorber la crise financière internationale qui sévit depuis 2008 (sans effet jusqu'à présent), Nicolas Sarkozy se trouve pris de court devant l'aspiration démocratique des peuples arabes et le changement de paradigme qu'il porte jusqu'en Europe. C'est un assourdissant silence depuis deux mois qui fait place à la gesticulation désordonnée des quatre années précédentes.
Et pourtant, oui, le printemps arabe est une nouvelle donne internationale qui est encore incertaine mais porteuse d'espoirs. Oui, il faudra que la France fasse son examen de conscience par rapport aux amitiés qu'elle a entretenu pendant des années avec ces dictateurs qui oppressaient leurs peuples. Pour aller plus loin, il nous faudrait aussi nous interroger sur le colonialisme et nous réconcilier enfin, avec notre histoire en la regardant en face, sans complaisance et sans angélisme non plus.
Enfin, c'est un aveu d'impuissance à l'égard du projet pour la France. Le précédent remaniement contenait la promesse de poursuivre sur l'axe des "réformes" :
- la réforme fiscale s'annonce surtout comme la suppression de l'ISF et de niches fiscales (après 10 ans de cadeaux fiscaux qui ont coûté 77,7 milliards d'euros aux finances publiques selon le rapport de M. Gilles Carrez, parlementaire UMP.) De ce côté, c'est l'encéphalogramme plat, tant le chantier est ambitieux pour rétablir les inégalités profondes qui rongent notre système.
- la réforme du financement de la dépendance qui s'annonce comme une privatisation de plus et un gâteau financier pour les assureurs.
- l'introduction de jurys populaires dans les tribunaux correctionnels est la suite logique de la fronde que Nicolas Sarkozy mène depuis des années contre la justice en France, alors qu'il était ministre de l'intérieur.
Ces axes de réformes sont courts pour faire face aux légitimes et justes attentes des français. Le partage de la croissance, la confiance retrouvée, la perspective d'un avenir commun, européen, social sont les valeurs qui doivent guider nos dirigeants, et non la menace perpétuelle des autres (l'islam, les roms, les libyens, le terrorisme etc.) qui ne fait qu'attiser les divisions, creuser des fossés d'intolérance absurde qui ne résolvent rien.

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