Est-ce que tu as quelque chose à dire ?
Qu’est-ce que tu dis quand tu parles ?
Pourquoi tu parles quand tu parles ?
Boite noire :
J'avais publié ici un texte intitulé, petit hommage à Roland Barthes, Littérature degré zéro, c'était en 2015, sans imaginer que j'allais écrire un autre texte, construit sur les mêmes questions, quelques années plus tard : Parle, auquel il m'avait paru nécessaire d'ajouter une postface, intitulée Tais-toi, publié chez Verticales. On n'a jamais fini de ne rien dire.
Et puis je n'y ai plus pensé.
Laurent s'est intéressé à Littérature degré zéro, il aimait bien ce texte, il l'a dû le lire des dizaines de fois, il voulait en faire quelque chose.
Il a commencé à réfléchir à une musique, il a pensé au comédien Renaud Golo pour lire le texte, Renaud a accepté volontiers.
Il y avait le tutoiement, qui rappelait Un homme qui dort de Georges Perec, et je me souviens qu'en écrivant Littérature degré zéro, je me voyais penser avec cet esprit d'autoanalyse si caractéristique de cette jeunesse passionnée de sociologie urbaine et de sémiologie de la modernité, une jeunesse qui aujourd'hui a passé les quatre-vingt ans sans savoir ce que vieillir veut dire.
J'aimais bien l'idée d'une banale balade urbaine à la Henri Lefebvre, mais à Lyon, puisque j'y vis.
Comme d'habitude, il y avait des contraintes. Pas de projet précis, rien que des idées à peine discutées entre nous que déjà réalisées, en commençant par faire la vaisselle. Une seule petite caméra Canon HD 57x en main, instable et peu maitrisée, Un tournage a minima, sans repérages ni répétitions, pas d'argent, évidemment, et pas de comédiens.
Nous avons revu le film de Perec, un vrai film avec un acteur et des plans et une construction précise, un noir et blanc superbe, et nous avons joué à créer quelques parallèles, manière de scénariser le rien avec quelques repères.