A qui appartiennent ces enfants ? ils vont voir un homme à l’hôpital, l’homme est né en 1924. A qui appartient la décision des enfants, d’aller à l’hôpital voir cet homme né en 1924 ? A qui appartient le pouvoir sur les enfants qui vont voir cet homme né en 1924, à l'hôpital, qui ne sait pas le nom de ces enfants, fait leur connaissance, à l’hôpital, encore une fois, repart à zéro avec ces enfants comme avec presque tout ? A qui appartient l’affection de ces enfants pour l’homme né en 1924, qui ne les connaît pas et qui doit se dire qu’il est certainement content de leur visite, bien qu’il ne sache pas très bien la raison de cette pensée ? A qui appartient l’homme né en 1924 ? A qui appartient la pensée des enfants devant le lit de l’homme, dans la chambre d’hôpital ? A qui appartient le temps des enfants passé dans la chambre de l’hôpital devant l’homme né en 1924 ? A qui appartient la condition des enfants qui viennent voir l’homme né en 1924 ?
Qui a accompagné les enfants à l’hôpital pour voir l’homme né en 1924 ? Qui leur a dit que l’homme était à l’hôpital ? Pourquoi ces enfants ne sont-ils pas accompagnés par leur père qui est le fils de l’homme né en 1924 ? Comment la mère de ces enfants a-t-elle manigancé tout ça ? Pourquoi la mère de ces enfants n’a-t-elle pas attendu que le père des enfants emmène ses enfants voir l’homme né en 1924, pourquoi la mère qui connaît l’homme né en 1924, qui aime cet homme né en 1924 et apprécie son intelligence et sa détermination à essayer de tout comprendre, pourquoi cette mère n’a-t-elle pas donné les enfants au père pour qu’il les emmène voir l’homme né en 1924 ? Pourquoi le père ne répond-il pas au téléphone ? Pourquoi le père n’est-il pas allé à l’hôpital ? Pourquoi devrait-il forcément aller à l’hôpital ? A qui appartient le père des enfants ? A qui appartient la décision du père des enfants ? A qui appartient l’affection d’un père pour son père, d’un fils pour son fils, à qui appartient le pouvoir sur un père ? A qui appartient la pensée du père sur son père ?
Tout ce que je sais, c’est qu’en 1985, j’avais laissé mon paquet de gauloises sans filtre dans la poche de la robe de chambre de l’homme né en 1924. J’avais dû lui piquer en sortant du lit, à l’époque il n’y avait ni enfant ni rien, juste une histoire sans aucune sorte de plan, avec un fils de l’homme, je n’avais pas d’éducation ni de respect pour les affaires d’autrui. L’homme né en 1924 avait fait du café, posé mes gauloises à côté de la tasse, nous avions bu le café ensemble et parlé de la planète.