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Billet de blog 9 août 2022

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Une approche critique de la blanquette de veau

Un jour, je viens voir ma mère. Je mange avec ma mère. J’ai fait une petite blanquette, c’est dans la casserole, elle me dit et je lui dis que c’est chouette mais quand je regarde la casserole, c’est bizarre cette blanquette dans l’eau. On dirait qu’il manque quelque chose.

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Un jour je viens voir ma mère. Je mange avec ma mère. Ma mère a préparé une blanquette de veau.

Elle a mis le veau dans l’eau, les carottes avec, ça flotte dans une petite casserole.

J’ai fait une petite blanquette, c’est dans la casserole, elle me dit et je lui dis que c’est chouette mais quand je regarde la casserole, c’est bizarre cette blanquette dans l’eau. On dirait qu’il manque quelque chose.

Ma mère sait bien faire les blanquettes, elle a l’expérience, le nombre de blanquettes que ma mère a pu faire dans toute sa vie, au moins deux ou trois par hiver, si on compte par exemple depuis l’année de son mariage en 1958 disons, 2,5 blanquettes fois 64 ans égale 160 blanquettes, disons au moins 150 car il y a eu peut-être quelques années sans et quelques années d’engouement spécial pour la blanquette, en fonction du prix du veau, de sa réputation plus ou moins hormonale, des plats à la mode et des évolutions du goût et certainement aussi d’une fantaisie à laquelle tout le monde à droit.

Au bout de 150 blanquettes, si vous ne savez toujours pas la faire, surtout dans le cas où vous auriez été, comme ma mère, formée non pas seulement sur le tas mais aussi par la tradition ancestrale de votre mère et de vos sœurs ainées et la pression culinaire de toute une société qui ne rigolait pas, dans les années de formation d’épouse et mère de famille de ma mère que sont les années cinquante et soixante (et encore un peu, bien que déjà nettement moins, soixante-dix) avec les règles de l’art de faire la blanquette, alors il y a un problème.

Le problème c’est la crème.

Ma mère dit je n’ai pas mis la crème fraîche, comme ça chacun met ce qu’il veut !

Ma mère est pour la liberté de la crème fraîche dans la blanquette. Ma mère a une conception politique du plat traditionnel.

Elle se méfie de la crème fraîche, le pot de crème fraîche est un bienfait pour la cuisine mais c'est une menace pour ma mère. C’est là que je me souviens que ma mère a toutes les raisons de se méfier à jamais de l'unanimité imposée par la bonne vieille cuisine familiale.

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